L'Université de Lausanne (UNIL) a décidé de saisir la justice après les mobilisations étudiantes propalestiniennes du printemps dernier, a appris le Pôle enquête de la RTS. En juin, elle a effectué une dénonciation pénale auprès du Ministère public vaudois. Ce dernier confirme l'ouverture de trois procédures liées à ces événements.
Liste de professeurs
En mai, des dizaines d'étudiants de l'Université de Lausanne et des militants propalestiniens avaient occupé pendant une quinzaine de jours le hall d'entrée du bâtiment Géopolis de l'UNIL. Soutenus par une partie du corps enseignant et plusieurs employés, ils demandaient notamment l'interruption immédiate de toute collaboration avec des institutions israéliennes jusqu'à ce qu'Israël respecte le droit international et qu'un cessez-le-feu permanent intervienne.
La direction avait maintenu le dialogue avec les manifestants, suscitant des critiques. Le Grand Conseil vaudois avait voté une résolution, mi-mai, demandant de faire cesser l'occupation. Après la mobilisation, un collectif anonyme avait publié la liste des chercheurs et professeurs collaborant avec des homologues israéliens. C'est cet élément qui est aujourd'hui attaqué en justice par l'UNIL.
>> Lire aussi : Les activistes pro-palestiniens lèvent leur occupation de l'UNIL après un accord
Défense des chercheurs
"La Direction de l'UNIL a effectué une dénonciation auprès du Ministère public en raison de la publication d'une liste nominative de chercheurs dans un "rapport sur les liens entre l'Université de Lausanne, les universités israéliennes et le régime israélien"", explique sa porte-parole Géraldine Falbriard.
"Préoccupée par l'impact de cette publication sur le droit de la personnalité et la liberté individuelle des chercheurs ainsi exposés, la direction de l'UNIL a dénoncé tous les faits dont elle avait connaissance en lien avec cette publication au Ministère public pour qu'il puisse y donner une suite pénale s'il y a lieu", précise-t-elle. Une dénonciation a donc été adressée au Parquet vaudois le 13 juin dernier.
>> Lire aussi : Frédéric Borloz sur l'occupation de l'UNIL: "Il faudra bien que ça s'arrête"
Une douzaine de plaintes
Ce n'est pas tout. La direction de l'alma mater a parallèlement déposé une douzaine de plaintes contre inconnu pour dommage à la propriété "en lien avec des tags et déprédations de bâtiments", confie-t-elle à la RTS.
"Le Ministère public confirme avoir ouvert deux procédures pénales sur la base d'une dénonciation de l'UNIL relative à la publication d'une liste des professeurs en lien avec Israël et sur la base d'une plainte pénale de l'UNIL pour dommage à la propriété", indique son porte-parole Vincent Derouand. "Une troisième procédure pénale est en cours à la suite d'une dénonciation de tiers concernant les slogans et propos tenus lors de l'occupation."
Nouveaux tags
Pas de quoi réjouir les militants de l'époque. "Il est aberrant que l'Université mette de l'énergie à faire une dénonciation pénale à l'encontre de ses propres étudiants", réagit l'un d'eux. "Elle ferait mieux de faire la lumière, comme elle l'avait promis, sur les liens entre l'UNIL et certaines universités sionistes."
La députée et présidente du PLR Vaud, au contraire, se réjouit de la démarche de l'UNIL. "La publication de cette liste m'avait profondément choquée, je trouve qu'on n'a pas à jeter des noms en pâture sans raison. C'est quand même juste que l'Université porte un message de fermeté par rapport à ce genre de comportement, aussi pour éviter qu'il ne se reproduise à l'avenir", estime Florence Bettschart-Narbel.
Ce mercredi matin, de nouveaux tags accusateurs en lien avec la situation au Proche-Orient ont été découverts sur les murs de l'université. Contactée par la RTS, celle-ci indique qu'elle déposera une nouvelle plainte pénale.
Marc Menichini, Fabiano Citroni, Pôle enquête RTS
Fribourg aussi a saisi la justice
En Suisse romande, l'Université de Fribourg a elle aussi saisi la justice suite à la mobilisation propalestinienne du printemps dernier. "Après l'occupation illégale d'un de ses bâtiments, une plainte pénale pour violation du domicile a été déposée", a indiqué à la RTS un porte-parole de l'alma mater fribourgeois.
L'Université de Neuchâtel et l'EPFL n'ont déposé aucune plainte. Du côté de Genève, la direction de l'Université a dans un premier temps saisi la justice. Mais "après la cessation de l'occupation, l'objectif de libération des lieux ayant été atteint, la plainte a été retirée", a précisé un porte-parole de l'Université de Genève.