Au terme d’une instruction débutée le jour du décès du Zurichois de 37 ans, connu sous le nom de Nzoy, le 30 août 2021 vers 18h sur un quai de la gare de Morges, le Ministère public a rendu une ordonnance de classement et de non-entrée en matière, annonce-t-il mardi dans un communiqué.
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Attaque grave
Le Parquet a considéré, compte tenu des circonstances, que le policier s’est trouvé confronté à une attaque grave. Il "ne disposait ni du temps ni d’autres moyens raisonnablement exigibles de parer cette attaque au couteau autrement qu’en engageant son arme à feu", souligne-t-il.
Cette décision se base sur les différents éléments mis au jour par les actes d’instruction ordonnés par le procureur ou requis par les parties (auditions, vidéos, autopsie, rapports techniques, notamment), ainsi que sur la jurisprudence fédérale.
Pour le Ministère public, les policiers n'ont pas non plus omis de prêter secours à Nzoy. Les agents se sont réparti les tâches pour sécuriser les lieux et prendre en charge le blessé qui ne présentait aucune trace d’hémorragie visible avant le massage cardiaque prodigué par un infirmier. L’autopsie révèle que le troisième tir aurait "nécessairement causé la mort à très brève échéance".
Pour toutes ces raisons, la justice vaudoise décide d’une ordonnance de classement et de non-entrée en matière. La famille de Nzoy a dix jours pour faire recours.
"Nous sommes d'avis que cette ordonnance de classement comporte plusieurs erreurs sur l'appréciation des faits et pose des questions d'impartialité qui aujourd'hui me paraissent évidentes, et puis enfin, pose des problèmes d'application du droit", affirme Ludovic Tirelli, l'avocat de la famille de Nzoy, dans l'émission Forum. "Donc oui, il y aura un recours qui sera déposé à l'échéance des dix jours".
Contestation de la famille
La famille conteste les deux points sur lesquels le Ministère public a statué, indique l'avocat. Concernant l'omission de prêter secours, Ludovic Tirelli estime qu'il y a eu "une action absolument terrifiante des intervenants, qui ont principalement voulu sécuriser les lieux et qui n'ont pas véritablement prêté secours".
L'autre volet concerne l'homicide de Nzoy, dans le cadre duquel se pose la question de la légitime défense. "Et de ce point de vue-là, nous sommes d'avis que vu la nature du dossier, ce n'était pas devant le Ministère public que cette affaire devait se juger", déclare l'avocat.
"Dans ce genre de délits graves, lorsqu'il y a encore des questions qui se posent, il appartient à un tribunal, à des juges dont le métier est précisément de juger, de rendre la justice", poursuit-il. "Et ce point-là, évidemment, on le contestera par toutes les voies de droit qui nous seront données."
ats/juma/edel