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L'annualisation des hébergements d'urgence à Lausanne est positive, mais des personnes restent à la rue

Bilan du dispositif contre le sans-abrisme à Lausanne
Bilan du dispositif contre le sans-abrisme à Lausanne / La Matinale / 4 min. / aujourd'hui à 07:00
Fin 2023, la Ville de Lausanne dévoilait sa nouvelle stratégie pour lutter contre le sans-abrisme, avec comme mesure-phare l'annualisation des hébergements d'urgence et annonçait l’ouverture de nouvelles places d'accueil de nuit. De premiers éléments de bilan peuvent être établis.

Avec le retour du froid, la question du sans-abrisme revient au premier plan. Jusqu’en 2023, Lausanne pratiquait la politique du thermomètre. Autrement dit, une partie des hébergements d’urgence n'ouvrait que pendant les mois les plus froids. Mais depuis un an, la Ville a souhaité sortir de la logique de saisonnalité et tous les espaces d’accueil sont donc accessibles de façon annuelle. Résultat: les six structures d’hébergement de la ville proposent désormais environ 235 lits accessibles tout au long de l'année. Parmi elles, un hébergement d’urgence de transition pour les personnes avec un contrat de travail. 

Selon la Ville, cette mesure a permis de réduire de 22% les refus durant la période de juillet à novembre.

Tous les soirs, même avec cette annualisation, nous sommes obligés de refuser des personnes à nos portes. Parfois, c'est une dizaine, parfois ça peut être plus. 

Valentin Gross, veilleur de nuit pour l’association Sleep-In

Pour les structures d’hébergement, l'annualisation a permis de faire face à une demande d’accueil d’urgence qui ne se limite pas à l’hiver. Selon l’association Sleep-in, responsable d’un hébergement lausannois depuis les années 90, on évite ainsi un afflux brutal de personnes au moment de la fermeture des structures hivernales.

Des progrès, mais toujours un manque de places

Malgré le fait que les lits en hébergement d’urgence offerts par le Ville de Lausanne ont quadruplé depuis 2018, il en manque toutefois toujours. Valentin Gross, veilleur de nuit pour l’association Sleep-In qui gère un hébergement de la ville, constate que chaque soir, des personnes sont refusées.

"Tous les soirs, même avec cette annualisation, nous sommes obligés de refuser des personnes à nos portes. Parfois, c'est une dizaine, parfois ça peut être plus. Certaines de ces personnes vont trouver une solution dans un des autres hébergements d'urgence de la Ville de Lausanne ou en hébergement d'urgence ailleurs dans une autre ville du canton de Vaud. Mais à la fin, certaines personnes que nous refusons ne trouve aucune solution", déplore-t-il au micro de La Matinale.

La fermeture en 2023 de l'espace "Le Répit", qui offrait un accueil inconditionnel durant la nuit, n'a rien arrangé à cette pression.

Des conditions d’accueil parfois critiquées

Au-delà du nombre de places, la qualité des structures fait débat. L’abri PC de la Vallée de la Jeunesse avait déjà servi d’espace d’accueil pour les personnes sans-abris à plusieurs reprises dans le passé, une utilisation critiquée depuis plusieurs années. Situé sous terre et dépourvu de fenêtres, cet espace souffre d’une promiscuité importante. L’association 43m2 dénonce des conditions indignes.

Ce qu'on aimerait maintenant, c'est avoir des bâtiments qui soient complètement dévolus à l'hébergement d'urgence, et cela de manière durable

Emilie Moeschler, municipale de la cohésion sociale à Lausanne

C’est ouvrir cet espace à nouveau qui a permis à la Ville de Lausanne d’offrir des supplémentaires.

Emilie Moeschler, municipale de la cohésion sociale à Lausanne, est consciente que l’abri PC n’est pas adéquat pour servir de lieu d’hébergement pérenne. Elle explique chercher des alternatives. "On a l'espoir de trouver une solution pour l'année prochaine. Ce qu'on aimerait maintenant, c'est avoir des bâtiments qui soient complètement dévolus à l'hébergement d'urgence, et cela de manière durable."

Pour les associations et la Ville, les hébergements d’urgence ne doivent pas être une fin en soi. Il faut plutôt chercher à sortir les gens de la précarité. Dans sa stratégie, Lausanne affirme vouloir développer l’accompagnement social et renforcer l’accueil en journée. 

Juliette Jeannet/fgn

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