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Le canton de Vaud introduit à son tour le congé joker à l'école obligatoire

Avant la rentrée scolaire les syndicats des enseignants romands tirent la sonnette sur l'école inclusive
Avant la rentrée scolaire, les syndicats des enseignants romands tirent la sonnette sur l'école inclusive / 19h30 / 2 min. / le 14 août 2024
A l'instar du Jura, de Fribourg, du Valais et d'une quinzaine de cantons alémaniques, Vaud introduit à son tour le concept de congé joker à l'école obligatoire. Il permettra de disposer de trois journées ou six demi-journées, sous certaines conditions. En réaction, les syndicats des enseignants font part de leur inquiétude.

Concrètement, il s'agit pour les parents de pouvoir prendre un congé pour leur enfant de manière simple et sans devoir indiquer de motif à la direction de l'école, a annoncé mercredi devant les médias le conseiller d'Etat en charge des écoles vaudoises Frédéric Borloz, à l'Etablissement primaire et secondaire Centre Lavaux à Puidoux.

Cette possibilité répond à une demande exprimée par le Grand Conseil qui avait largement accepté en février 2023 une motion transformée en postulat de la députée UDC Céline Baux. Son texte évoquait alors quatre demi-journées. "Elle simplifie l'organisation des familles et les tâches administratives des établissements qui font face à plus de 16'000 demandes de congé chaque année", a déclaré le ministre PLR. Chaque famille en sera informée par son établissement.

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Avertir deux jours avant

Sur les six demi-journées, il sera possible d'en cumuler deux maximum pour prendre un jour entier. Il faudra avertir le maître ou la maîtresse au moins deux jours à l'avance seulement. Il ne sera pas possible de les prendre le jour de la rentrée scolaire, lors des sessions d'examens, lors des semaines de camps, ni lors des courses d'école, a précisé le conseiller d'Etat.

Actuellement, le règlement de la loi sur l'enseignement obligatoire (LEO) stipule que "sur demande écrite et motivée des parents, le directeur peut accorder jusqu'à 18 demi-journées de congé à un élève au cours d'une année scolaire". La direction examine son bien-fondé, dans l'intérêt de l'élève et de l'école et, en principe, il n'est pas accordé de congé immédiatement avant ou après les vacances.

Sauf cas d'urgence ou situation imprévisible, la demande doit être adressée au moins deux semaines à l'avance, précise le règlement actuel. Les six demi-journées joker sans justification ne s'ajoutent pas mais s'intègrent au volume de 18 demi-journées existantes, ont précisé les services de Frédéric Borloz.

Cette rentrée scolaire a été placée par le ministre sous le signe de la relation entre l'école et les parents. Il s'agit de porter une attention particulière à ce lien avec la volonté de simplifier les interactions et de fluidifier la communication avec les familles, a-t-il résumé.

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Moins de paperasse administrative

Le Département de l'enseignement et de la formation professionnelle (DEF) lance également un processus d'amélioration de la gouvernance et de la gestion de ses entités administratives et des lieux de formation. "Il s'agit d'adapter les pratiques aux évolutions que connaît l'école vaudoise: la taille de certains établissements rend leur gestion plus complexe, les besoins des élèves augmentent et l'état des finances cantonales appelle à la prudence budgétaire".

"On entame une réflexion de fond sur toutes nos organisations actuelles. L'objectif est de diminuer le plus possible la bureaucratie, d'être plus efficace et efficient", a dit le chef du DEF.

Des modifications de la loi sur l'enseignement privé sont en outre prévues. Le Conseil d'Etat veut ainsi mieux encadrer les écoles privées et l'enseignement à la maison dans un souci de qualité, mais surtout pour que chaque élève puisse s'épanouir, quel que soit son lieu de formation. Actuellement, près de 950 élèves font leur école à domicile (0,9%) et près de 7400 sont inscrits dans des écoles privées (7%).

Un projet de révision de la loi sur l'enseignement secondaire supérieur devrait permettre aux écoles privées de délivrer des certificats cantonaux de maturité. Ces deux projets de lois vont être transmis au Grand Conseil.

Lundi prochain, 14'615 enseignants accueilleront 97'929 élèves à l'obligatoire ainsi que 36'400 jeunes dans les gymnases et les écoles professionnelles, soit 134'329 au total (contre 132'893 en 2023). Des chiffres en augmentation, même si la croissance ralentit légèrement, selon le DEF.

>> Ecouter aussi le sujet de La Matinale sur les "jours joker" :

Quels textes peuvent être étudiés en classe? [KEYSTONE - Salvatore Di Nolfi]KEYSTONE - Salvatore Di Nolfi
Les "jours joker" existent de longue date en Suisse alémanique, mais ils sont peu répandus en Romandie / La Matinale / 1 min. / le 13 août 2024

jfe avec ats

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Les syndicats des enseignants inquiets de la situation de l'école vaudoise

Les syndicats des enseignants se sont montrés très inquiets de la situation de l'école vaudoise, le jour même de la traditionnelle conférence de presse de la rentrée scolaire du ministre de la formation Frédéric Borloz. La Société pédagogique vaudoise (SPV) constate l'absence de collaboration du DEF sur de nombreux dossiers importants, notamment sur la décision relative aux congés joker.

"En rompant avec une pratique historique de consulter les syndicats d'enseignants sur toute modification de la loi sur l'enseignement obligatoire (LEO) et de son règlement, le DEF donne un signal très inquiétant sur sa volonté de ne pas prendre en compte l’avis du terrain et de ses représentants", écrit la SPV.

Si elle ne s'oppose pas au principe d'un congé joker, cette nouveauté "doit s'inscrire dans une réflexion plus large sur la question des congés des élèves, particulièrement bien cadrée pour éviter des conflits avec les parents et ne pas dépasser les deux jours octroyés par certains autres cantons romands".

Mesures insuffisantes

"Inquiète de l'état actuel de l'école", la SPV demande qu'un plan d'action avec des mesures concrètes soit établi pour gérer les élèves au comportement inadéquat et pour accompagner les élèves décrocheurs. Elle exige aussi une augmentation du nombre d'éducateurs en milieu scolaire ainsi que la mise sur pied d'un monitoring pour les absences des enseignants et de création de mécanismes de prévention de l'épuisement professionnel.

De son côté, le SSP-Vaud (enseignement) dénonce "un serrage de vis budgétaire et le cap de rigueur instauré depuis une année". "Lors des dernières rentrées, nous avons insisté sur la nécessité de renforcer de nombreux aspects du système de formation - socio-éducatif, baisse des effectifs des classes, école à visée inclusive, constructions scolaires - et dénoncé les ambitions insuffisantes des autorités", écrit le syndicat dans un communiqué.

Ce dernier regrette, lui aussi, "le dialogue bloqué" avec les services de Frédéric Borloz. "Aucun des sujets amorcés l'année dernière n'a réellement avancé", écrit-il. "La direction prise ne permet pas de répondre aux urgences de l'école actuelle et augure de sombres perspectives pour la formation des élèves du canton", conclut-il.