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Le coup de gueule d'une généraliste contre les propos de Rebecca Ruiz sur la rémunération des médecins

Les médecins généralistes vaudois dénoncent leurs conditions de travail: interview de Sandy Gay Estermann
Les médecins généralistes vaudois dénoncent leurs conditions de travail: interview de Sandy Gay Estermann / Forum / 6 min. / le 9 octobre 2024
De récents propos de Rebecca Ruiz sur la rémunération des docteurs vaudois ont fait bondir la Dr. Sandy Gay Estermann. La co-présidente de Médecins de famille Vaud affirme mercredi dans Forum que les praticiens vaudois ne sont pas aussi bien payés que le prétend la ministre vaudoise de la santé.

Tout part d'une interview de la conseillère d'Etat vaudoise Rebecca Ruiz parue dans 24 heures dans la foulée de l'annonce de la hausse des primes maladie, le 26 septembre.

La ministre socialiste avance que si les coûts de l'ambulatoire grimpent dans le canton, c'est en grande partie dû à une rémunération des médecins dans les cabinets et les hôpitaux plus élevée que dans d'autres cantons.

Une médecin en colère

Une affirmation "simpliste et fausse", assène Sandy Gay Estermann. "Depuis 2008, la rémunération des médecins n'a cessé de diminuer, alors que nous sommes confrontés à l'inflation, comme tout un chacun", déclare la praticienne lausannoise.

Une étude a montré que le médecin de premier recours vaudois gagne moins que la moyenne des médecins suisses

 Sandy Gay Estermann, co-présidente de Médecins de famille Vaud

Le point tarifaire vaudois — qui détermine la rémunération — est pourtant le deuxième plus élevé du pays après celui de Genève. Il se monte en effet à 94 centimes dans le canton de Vaud, contre 84 centimes en Valais (pour les cabinets) et 91 centimes à Neuchâtel et à Fribourg. Au bout du lac, il est de 96 centimes; un montant d'ailleurs provisoirement réduit à 94 centimes (sauf pour CSS) par la justice fédérale après un recours en décembre passé du représentant de 40 assureurs Tarifsuisse. Le point genevois a même été fixé à 91 centimes cet été pour trois assurances.

"La valeur du point est effectivement plus élevée dans le canton de Vaud, mais nos charges sont plus importantes", relativise Sandy Gay Estermann. "Une étude a montré que le médecin de premier recours vaudois gagne moins que la moyenne des médecins suisses - 93 francs de l'heure contre 105 francs", fait-elle valoir.

Accès aux soins "en danger"

Sandy Gay Estermann ne mâche donc pas ses mots à l'égard de la responsable du Département de la santé et de l'action sociale. "Les réflexions de madame Ruiz mettent en danger l'accessibilité des soins", lâche-t-elle.

Rappelant que les cabinets médicaux sont aussi des employeurs, elle envisage ce scénario: "Si on baisse notre rémunération, il nous sera compliqué de garder nos employés aux mêmes taux. Si le temps de travail de nos employés diminue, l'accessibilité à nos cabinets diminue. Les gens iront donc consulter dans les services d'urgences, ce qui va augmenter les coûts de la santé. Cela aura surtout un impact sur la qualité des soins. Il est prouvé qu'avoir un bon système de premier recours, pour la famille et pour l'enfance, améliore la qualité de la prise en charge et des soins de la population."

A entendre la généraliste, il ne faut donc pas mettre la hausse des primes maladie sur le dos des médecins. Selon elle, la balle est dans le camp des pouvoirs publics. A ses yeux, une politique de prévention, une promotion de l'activité physique et des taxes sur des produits nocifs comme le sucre diminueraient fortement le nombre de consultations.

Texte web: Antoine Michel

Propos recueillis par Coralie Claude

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Un chiffre d'affaires de 200'000 francs

Puisque c'est tout l'enjeu du débat, Forum a demandé à Sandy Gay Estermann de préciser sa rémunération. La médecin a accepté de lever le voile sur ses finances. Elle indique réaliser un chiffre d'affaires annuel de 200'000 francs. Auxquels il faut soustraire les charges. "Je suis imposée sur 94'000 francs. Par mois, cela fait 7800 francs", déclare-t-elle.

Fribourg veut pallier le manque de médecins de famille

Dans le canton de Fribourg, c'est le manque de médecins de famille qui inquiète. Les autorités cantonales veulent inverser la tendance, en augmentant le nombre de places d’assistanat et faciliter ainsi l’installation de praticiens.

Le canton compte 10,2 médecins de famille pour 10'000 habitants, soit presque trois fois moins qu’à Genève. Il est l’un des cantons les moins bien dotés en pédiatres, généralistes ou gynécologues.

Pour combler son retard, il va créer une filière de formation postgrade pour les jeunes médecins. Elle prévoit notamment l’augmentation du nombre de places d’assistants, pour encourager les étudiants à s’installer définitivement dans le canton.

Préoccupés par la pénurie actuelle, les députés fribourgeois ont accepté à l’unanimité mercredi matin ce modèle de formation locale des futurs médecins de famille.

>> Les explications dans le 19h30 :

Pour combler le manque de médecins de famille dans le canton de Fribourg, une filière de formation postgrade sera mise en place
Pour combler le manque de médecins de famille dans le canton de Fribourg, une filière de formation postgrade sera mise en place / 19h30 / 1 min. / le 9 octobre 2024