"Je ne suis pas inquiète, mais il y aura beaucoup de travail pour retourner la tendance", a reconnu la ministre des Finances Valérie Dittli, devant la presse. Selon elle, le problème à résoudre est clair: "Nos revenus vont bien, voire très bien. Ce sont nos charges qu'il faut maîtriser."
Malgré des premières mesures "d'efficience", notamment un plafonnement du nombre de nouveaux postes administratifs, ces charges grimpent à 12,256 milliards, soit 629 millions de plus (+5,4%) par rapport au budget 2024.
Nous finançons des charges pérennes avec des revenus extraordinaires
Ce n'est qu'en recourant à une opération comptable, soit la dissolution de préfinancements, que la limite dite du "petit équilibre" - en dessous duquel des mesures d'assainissement devraient être prises - a été respectée. "Nous finançons des charges pérennes avec des revenus extraordinaires", a résumé Valérie Dittli.
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Déjà "fortement sollicités" dans le budget 2024, ces revenus extraordinaires atteignent 295 millions pour celui de 2025. Ils ne pourront pas être utilisés éternellement, a prévenu la grande argentière.
Pour boucler son budget, le Conseil d'Etat a aussi pu compter sur des revenus "non pérennes", issus de la vente d'un terrain et de l'attribution par la BNS de la "contre-valeur" d'une ancienne série de billets de banque. Des "petits cadeaux" qui se montent à 98 millions, a indiqué Valérie Dittli.
Des charges liées à l'Ukraine et aux communes
Les recettes liées aux impôts des personnes physiques progressent de 7,5% par rapport au budget 2024, en raison notamment "d'une démographie dynamique et de prévisions économiques favorables". Cette prévision intègre la baisse d'impôt de 0,5%, annoncée la semaine dernière par le Conseil d'Etat. L'augmentation (+7,3%) des impôts des personnes morales s'inscrit également "dans une évolution positive".
Du côté des charges, celles liées à l'Ukraine sont pour la première fois portées au budget, à hauteur de 50% des coûts comptabilisés en 2023, soit 95 millions de francs. La guerre perdurant, "ces coûts ne peuvent plus être considérés comme totalement extraordinaires", a expliqué Valérie Dittli.
Le rééquilibrage financier en faveur des communes pèse aussi dans les comptes du canton. Il atteint 160 millions au budget 2025, 55 millions de plus qu'un an plus tôt.
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Parmi les plus fortes hausses du budget, le Conseil d'Etat prévoit notamment une augmentation de 125 millions des charges dans le domaine de l'enseignement et de la formation professionnelle. Des ressources supplémentaires sont aussi attribuées à l'action sociale (+120 mios) et à la santé (+103 mios).
Le nombre de nouveaux postes administratifs plafonné
Concernant les effectifs, la création de nouveaux postes administratifs a été plafonnée (+87 postes), selon la volonté du Conseil d'Etat. "Nous avions une cible et nous l'avons tenue", a affirmé Valérie Dittli. Cette limitation ne concernait pas les autres postes. A commencer par ceux dédiés à la formation, lesquels bondissent de 190 équivalents plein-temps.
Les investissements nets du budget 2025 grimpent à 1,1 milliard, soit 60 millions de plus que l'an dernier. Il s'agit d'un nouveau record.
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ats/vajo
Efficience contre baisses d'impôt
Parmi les réactions politiques, l'Alliance vaudoise (PLR, UDC, Centre) enjoint le Conseil d'Etat à "empoigner clairement l'efficience de l'Etat et la maîtrise des charges." Elle note qu'en matière de croissance des dépenses, le gouvernement "est loin des objectifs annoncés dans son Programme de législature", lequel planifiait une croissance moyenne des charges de 2,1% sur l'ensemble de la législature.
A gauche en revanche, le PS et Ensemble à gauche estiment que ce sont les baisses d'impôt qui "provoquent des dégâts" et mettent le service public "sous pression". Ils accusent le Conseil d'Etat de mener "une fuite en avant" avec des allégements fiscaux dédiés "aux plus riches" et qui "fragilisent durablement" le fonctionnement de l'Etat.