Faute d’avoir vendu suffisamment de billets, le festival Vibiscum avait annulé ce printemps sa troisième édition, quelques jours avant ses premiers concerts. Fin août, la Fondation Vibiscum Festival a été déclarée en faillite.
Le montant total des créances n’est pas connu, mais des entités publiques sont concernées. La fondation doit plus de 130’000 francs aux membres de la communauté tarifaire vaudoise Mobilis. La Commission intercommunale de la taxe de séjour de la Riviera veut elle récupérer l’avance de subvention qu’elle avait versé: 72’000 francs. De son côté, depuis 2023, l’Association sécurité Riviera tente d’encaisser deux factures pour un montant de plus de 120’000 francs.
Des pertes financières déjà alarmantes en 2023
Sarah Dohr, conseillère communale du parti Vevey-Libre, avait tenté d’alerter les pouvoirs publics: "Les signaux étaient rouges depuis la deuxième édition, qui s'était tenue en 2023. En tant que citoyenne et conseillère communale, je suis vraiment blessée par la non-prise en compte des signaux d’alarmes qu’on a donnés", regrette-t-elle jeudi dans le 19h30.
Un document que la RTS a pu consulter montre qu'au 31 décembre 2023, les comptes provisoires du Vibiscum affichaient déjà une perte de plus de 1,8 million. Alors pourquoi avoir lancé une troisième édition? Le festival comptait dessus pour retrouver une meilleure santé financière.
Tirer la prise plus tôt
Pour l’avocat David Raedler, spécialisé dans le droit commercial, la temporalité interroge: "Vu la situation a priori obérée qui existait déjà en 2023, ne pas avoir fait une annonce au juge alors qu’il y avait potentiellement un surendettement, peut être une source de responsabilité et peut mener à un préjudice plus important."
La fondation Vibiscum Festival était placée sous la surveillance de l’autorité de surveillance des fondations de Suisse occidentale. Les correspondances, que la RTS a pu consulter grâce à la loi vaudoise sur l’information, montrent qu’au lendemain de l’annulation du festival, l'autorité a exigé un rapport complet.
Peu après, elle a nommé un commissaire chargé de faire la lumière sur l’état des comptes. Finalement, le 5 juillet dernier, l’autorité de surveillance des fondations a demandé au juge la mise en faillite. Un acte extrêmement rare, qui en dit long sur l’état financier de la fondation.
La procédure de faillite devrait durer des mois, voire des années. Contacté, l’unique membre du conseil de fondation ne fait pas de commentaire vu la procédure en cours.
Léandre Duggan/miro