Un bijou à conserver mais aussi une terre à cultiver.... Si la protection du vignoble en Lavaux en zone non à bâtir à été entérinée en votation populaire en 2014, le Parlement doit maintenant définir où mettre le curseur. Les viticulteurs craignent de voir leur marge de manoeuvre réduite, comme l'explique le vigneron Maurice Neyroud, dans le 19h30 mardi.
"C’est absolument essentiel. Aujourd’hui la viticulture est en crise et un des moyens de pouvoir vivre, voir même survivre, c’est la mécanisation", affirme-t-il.
Les députés ont eu le temps de traiter, en premier débat, 41 articles sur les 56 du règlement du PAC, traitant au fil des articles les différentes oppositions qui avaient été déposées durant l'enquête publique.
Assouplissements
Si certains points avaient été âprement débattus en commission, ils ont été peu, voire pas du tout, discuté en plénum. Par rapport au texte initial, élaboré par la Direction générale du territoire et du logement (DGTL), les PLR, UDC et Vert'libéraux ont obtenu des assouplissements afin de favoriser le travail des vignerons.
Cela concerne notamment les capites, ces cabanes qui servent traditionnellement à ranger du matériel. Elles doivent désormais aussi permettre aux vignerons d'organiser des dégustations gratuites et de vendre directement leurs produits.
Le Grand Conseil a également accepté de faciliter la démolition de certains murs perpendiculaires, lorsque ceux-ci sont trop contraignants pour l'exploitation de la vigne (voir encadré). La pose (temporaire) des filets latéraux anti-grêle ou l'imperméabilisation (exceptionnelle) de certains chemins d'accès figurent aussi parmi les amendements acceptés.
Les députés ont aussi opté pour davantage de souplesse en matière de publicité. Celle-ci doit pouvoir être possible pour les vignerons, pour autant qu'elle se conforme au droit fédéral et la loi cantonale.
Paysage "vivant"
Pour les députés qui ont défendu ces assouplissements, le PAC Lavaux doit certes permettre de protéger le paysage caractéristique de Lavaux, mais aussi les activités humaines.
"Sans vignerons, pas d'Unesco", a affirmé la PLR Florence Gross. Selon elle, ce PAC doit "simplifier le travail des vignerons", et non pas le "compliquer encore plus avec des interdictions." Il ne faut pas mettre le site "sous cloche" et privilégier "le génie local", a-t-elle souligné.
L'un des obstacles majeurs à la mécanisation du vignoble sont les plus de 590 kilomètres de murs qui traversent le vignoble et qui lui donnent ce visage si caractéristique.
Pour le vigneron interrogé dans le 19h30, en enlevant 3%, soit 17 kilomètres, de murs perpendiculaires sans usage de soutènement, le travail de la vigne serait grandement facilité. "Ce mur empêche une mécanisation et on pourrait l'enlever de manière très simple", indique-t-il.
Jardins historiques
A gauche, certaines voix se sont inquiétées de la "fragilisation" de la protection du paysage et des répercussions que cela pourrait avoir sur l'inscription du site au Patrimoine mondial de l'Unesco. Mais globalement, la gauche n'a pas opposé de vives oppositions aux propositions de la droite.
La gauche est aussi parvenue à obtenir quelques succès, avec l'aide cette fois-ci des Vert'libéraux. Cela a été le cas avec les jardins historiques répertoriés à l'inventaire Icomos. Une référence à Icomos qui figurera bien dans le PAC, alors que certains députés de droite voulaient la biffer au motif qu'elle est trop contraignante pour les propriétaires de ces jardins (12 en tout en Lavaux).
Première et dernière
Le traitement de ce PAC Lavaux, qui se poursuivra ces prochaines semaines, est exceptionnel. Normalement, c'est le Conseil d'Etat qui adopte un tel plan et lève les oppositions déposées durant la mise à l'enquête publique (160 dans le cas du PAC Lavaux). Mais dans ce cas précis - et c'est une première historique dans le canton de Vaud -, cette tâche revient au Grand Conseil.
Sujet tv: Thomas Epitaux-Fallot
Adaptation web: juma / ats