Comment protéger Lavaux, tout en lui permettant de se développer? Les députés vaudois devront trancher la question dès mardi lors des débats sur le Plan d'affectation cantonal (PAC) Lavaux qui concerne la région située sur les bords du Léman et classée au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Ce dossier est le fruit de la révision de la loi Lavaux, acceptée il y a dix ans par la population vaudoise en réponse à l'initiative "Sauver Lavaux III" de Franz Weber. Aujourd'hui, il s'agit de faire appliquer concrètement cette loi et il revient exceptionnellement au Parlement de s'en charger, comme le veut la législation.
Vingt-deux séances ont été nécessaires à une commission spéciale pour aboutir à un rapport de 400 pages. Le projet a connu 160 oppositions et certains députés, trop impliqués, ont dû se récuser.
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De longs et difficiles débats en vue
Avec 10 communes, 31'000 habitantes et habitants, ainsi que 1300 hectares hors zones à bâtir concernés, l'affaire n'est pas mince. Les intérêts divergent entre les défenseurs de la nature, les propriétaires, les acteurs touristiques et les vignerons.
Les débats au Grand Conseil s'annoncent d'ores et déjà difficiles: "Il y a une très grande susceptibilité de part et d'autre. D'un côté, on veut préserver le paysage, ce qui fait l'attrait de Lavaux, et d'un autre, on souhaite que ce paysage soit un outil de travail utilisable au quotidien", analyse René Knüsel, politologue et professeur honoraire à l'Université de Lausanne, mardi dans La Matinale de la RTS.
"On risque d'entrer dans des discussions où les points techniques, très détaillés, pourraient faire appel à des compétences que les gens n'ont pas forcément. Le débat risque d'être assez tronqué et long."
La volonté d'aller de l'avant
Pour Laurent Fischer, qui représente les intérêts de l'association Sauver Lavaux, il faut désormais que le dossier avance. "Nous attendons que le Grand Conseil aille avec célérité, mais toujours avec la plus grande conscience et sagesse", souligne l'avocat, rappelant que le projet "est la conséquence d'une votation du 18 mai 2014".
"La commission a soumis un certain nombre d'amendements au Grand Conseil, qui auraient pour effet de réduire la protection proposée par le Conseil d'Etat. Je pense qu'il faudra se limiter à garder le projet" du gouvernement, ajoute Laurent Fischer.
Les capites défendues par les vignerons
De leur côté, les vignerons espèrent pouvoir utiliser leurs capites, ces petits cabanons présents au milieu des vignes, pour la dégustation de leurs vins. "Il ne s'agit de faire des restaurants ou des "Bed & Breakfast" et d'accueillir du monde et des voitures, mais plutôt de petits événements. Nous voulons vendre notre vin et le promouvoir à l'endroit où il a été produit", défend Maurice Neyroud, député PLR et vigneron à Chardonne, qui assure que "ce côté émotionnel plaît à la clientèle".
"Le seul moyen de maintenir Lavaux en l'état est que la viticulture y survive. Jusqu'à présent, ce sont les vignerons qui ont entretenu ce patrimoine. Il faut donc leur donner les moyens de continuer à en vivre", plaide-t-il.
Une fois le PAC Lavaux approuvé par le Grand Conseil, des recours seront encore possibles auprès du Tribunal cantonal, puis éventuellement au Tribunal fédéral. Un référendum n'est pas non plus exclu.
Sujets radio: Céline Tzaud et Robin Baudraz
Adaptation web: iar