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Le plafonnement à 10% du revenu est "le seul correctif social d'un système de primes qui ne l'est pas du tout"

Rebecca Ruiz.
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Rebecca Ruiz, conseillère d’Etat vaudoise en charge de la santé / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 14 min. / le 25 septembre 2024
Le Conseil d'Etat vaudois a présenté mardi son "Plan pouvoir d'achat", dont les mesures phares sont une baisse d'impôts et une hausse des allocations familiales. Aucun changement n'est en revanche prévu pour les subsides à l'assurance maladie. "Nous maintenons le dispositif existant et c'est déjà beaucoup", répond la ministre de la Santé Rebecca Ruiz.

Une nouvelle hausse des primes maladie devrait être annoncée jeudi. Alors que les acteurs de la santé prédisent une augmentation allant de 5 à 7%, le Canton de Vaud n'envisage pas de revoir à la hausse son système de subsides. "Nous maintenons le dispositif existant et c'est déjà beaucoup", rétorque Rebecca Ruiz dans La Matinale de la RTS.

Depuis 2019, les primes des Vaudoises et des Vaudois sont plafonnées à 10% de leur revenu. "C'est un dispositif qui a permis à toute une partie de la classe moyenne d'être protégée contre ces hausses de primes qui, évidemment, viennent éroder le pouvoir d'achat", ajoute la ministre vaudoise de la Santé.

C'est un dispositif qui a permis à toute une partie de la classe moyenne d'être protégée contre ces hausses de primes qui, évidemment, viennent éroder le pouvoir d'achat

Rebecca Ruiz, conseillère d'Etat vaudoise

Augmentation du budget

Il n'est, selon elle, pas nécessaire de revoir ce système à la hausse, car il ne s'agit pas "d'un système de subsides ordinaire". "Tout le génie du système des 10%, c'est que vous pouvez entrer dans le système", dit-elle. "C'est-à-dire que si tout d'un coup, par des augmentations de primes, vous deviez payer plus de 10% de votre revenu, vous entrez dans le système des 10%". 

Le budget alloué à ce dispositif a d'ailleurs fortement augmenté ces dernières années, souligne Rebecca Ruiz, notamment en raison de la hausse des primes maladie. De 81 millions de francs en 2019, le montant est passé à 85 en 2021, 87 en 2022 et 122 millions en 2023.

>> Lire aussi : Quel bilan tirer du plafonnement des primes à 10% du revenu dans le canton de Vaud?

"Cela veut dire que nous mettons plus d'argent pour aider davantage de personnes qui, sans ce dispositif, verraient leur pouvoir d'achat érodé", explique la conseillère d'Etat. "On a vraiment ce mécanisme de protection qui est un rempart face à ces hausses de primes qui, de manière inédite, vont encore augmenter pour la troisième année consécutive", ajoute-t-elle.

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"Le seul correctif social"

Si ce dispositif pèse sur les finances publiques, il est toutefois nécessaire, précise Rebecca Ruiz, qui rappelle par ailleurs qu'il a été plébiscité par la population vaudoise.

Nous sommes l'un des seuls pays d'Europe à avoir un système qui, pour assurer la population face à la maladie, ne tient pas compte du revenu des gens

Rebecca Ruiz, conseillère d'Etat vaudoise

"C'est vrai que c'est un dispositif qui a un coût, mais le dispositif des subsides est le seul correctif social d'un système de primes qui ne l'est pas du tout", indique-t-elle. "Nous sommes l'un des seuls pays d'Europe à avoir un système qui, pour assurer la population face à la maladie, ne tient pas compte du revenu des gens".

Maîtrise des coûts de la santé

Une autre solution pour éviter ces augmentations de primes serait de s'attaquer à la hausse des coûts de la santé. Mais dans ce domaine, "la marge de manœuvre des cantons est limitée", estime Rebecca Ruiz. "Nous sommes vraiment dans un cadre qui est posé par la Confédération et par la LAMal et les très grandes décisions qui vont influencer la manière dont les coûts vont augmenter ou pas échappent aux cantons", dit-elle.

Nous sommes vraiment dans un cadre qui est posé par la Confédération et par la LAMal et les très grandes décisions qui vont influencer la manière dont les coûts vont augmenter ou pas échappent aux cantons

Rebecca Ruiz, conseillère d'Etat vaudoise

S'il existe certains facteurs, tels que les effets démographiques et du vieillissement, sur lesquels ni les cantons, ni la Confédération ne peuvent avoir d'influence, des "modèles de soins innovants", donnant davantage de responsabilités aux infirmières et infirmiers ou misant sur la médecine de premier recours, "ne peuvent se réaliser que si les décisions sont prises au Parlement fédéral".

Il en va de même pour le coût des médicaments. Mais pour cela, il faut que tout le monde tire à la même corde, insiste la ministre vaudoise de la Santé. "Toute la question du coût des médicaments est uniquement entre les mains du Parlement fédéral qui, par des alliances contre-productives, ne cesse de s'opposer à des mécanismes qui permettraient un tout petit peu de réguler les prix des médicaments", affirme la socialiste.

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: Emilie Délétroz

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Les acteurs privés ont "instrumentalisé" la transparence du CHUV

Le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) fait face actuellement à plusieurs crises. Ses finances sont dans le rouge et un audit a révélé des irrégularités dans la gestion des ressources humaines. Rebecca Ruiz tient cependant à "nuancer ce tableau assez catastrophique". "Le CHUV est un immense bateau et dans un immense bateau de ce type, il y a forcément des problématiques", affirme-t-elle.

>> Lire aussi : Le CHUV visé par deux audits du Contrôle cantonal des finances

La ministre vaudoise de la Santé explique que le CHUV n'est pas le seul hôpital confronté à ce genre de problèmes, particulièrement en ce qui concerne les finances. Elle dénonce un système de financement "qui met beaucoup en concurrence le secteur privé et le secteur public" et où les tarifs ne sont pas adaptés.

Rebecca Ruiz rappelle par ailleurs que le CHUV a un devoir de transparence, contrairement aux hôpitaux privés. Les dysfonctionnements sont donc davantage visibles. La conseillère d'Etat regrette donc une certaine instrumentalisation "très dommage et très inutile" de la part des cliniques privées.

"De par cette transparence, [le CHUV] s'attire un certain nombre de critiques et d'attaques, en particulier de certains acteurs privés qui lorgnent peut-être un peu sur certaines parts du gâteau, parce qu'eux-mêmes font face à des difficultés", déclare-t-elle.