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Le recteur de l'Université de Lausanne renonce à un deuxième mandat

Frédéric Herman [Catherine Leutenegger Photography]
Frédéric Herman, le recteur de l’Université de Lausanne, renonce à un second mandat / Forum / 2 min. / aujourd'hui à 18:08
Frédéric Herman a communiqué sa décision mercredi dans un email adressé au personnel de l'UNIL, révèle ce vendredi la RTS. Il quittera ses fonctions en juillet 2026 pour se consacrer à de nouveaux projets scientifiques. Une annonce qui intervient sur fond de tensions et de critiques vis-à-vis du recteur lui-même et de son équipe.

Sur le campus de l'Université de Lausanne, la décision de Frédéric Herman a pris tout le monde de court. Plus d'un s'attendait à ce que ce jeune recteur entré en fonction en 2021 rempile pour un second mandat. Mais le Belge de 46 ans en a décidé autrement. Il devait se prononcer tout récemment sur demande de la Commission de sélection de l'UNIL.

Dans son e-mail de mercredi dernier que le Pôle enquête de la RTS s'est procuré, l'actuel recteur dit avoir longuement réfléchi et finalement avoir décidé "de s'engager dans de nouvelles explorations scientifiques et poursuivre des objectifs qui me tiennent à cœur dans mon domaine de recherche". Frédéric Herman est professeur de géologie, expert de renommée internationale dans le domaine de l'érosion glaciaire.

Vives tensions avec le Conseil de l'Université

Selon les renseignements recueillis par la RTS, cet e-mail du recteur ne mentionne pas différents éléments qui l'ont aussi conduit à ne pas briguer un deuxième mandat. A commencer par de très vives tensions avec le Conseil de l'Université, l'organe qui aurait dû décider de sa reconduction.

Frédéric Herman et son équipe s'écharpent depuis des mois avec plusieurs membres du Conseil quant au rôle et aux prérogatives de cette entité où sont représentés le corps intermédiaire, les professeurs, le personnel administratif et les étudiants. Organe de contrôle ou organe législatif? C'est finalement le Département vaudois de l'enseignement et de la formation qui a été saisi pour arbitrer cette dispute.

Mais ce n'est pas tout. Selon plusieurs membres de ce gremium qui ont préféré rester anonymes par peur de représailles, les séances, où siège aussi la direction, seraient particulièrement délétères. Le recteur, ou certains vice-recteurs, se montreraient parfois agressifs, hostiles à certaines questions, voire évasifs dans leurs réponses. Certains parlent même d'un régime de la peur.

Université trop militante?

Frédéric Herman a un autre souci de taille: l'opposition à des choix stratégiques pris par l'alma mater. Certains étant de son initiative, d'autres décidés avant sa nomination. Dans différents domaines (écologie, langage inclusif, etc.), l'UNIL entend se positionner comme actrice de la "transformation sociétale", et souhaite aussi accorder une large place au "dialogue entre le monde de la recherche et la société".

Ce qui se traduit, par exemple, par de gros efforts au niveau de la transition écologique du campus ou encore une certaine tolérance vis-à-vis du militantisme de professeurs ou enseignants militants du climat - tolérance aussi à l'égard du mouvement d'occupation pro-palestinien de mai dernier.

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Mais cette ouverture d'esprit, ce positionnement, heurtent des membres de la communauté universitaire, y compris des professeurs. Ils craignent que l'Université ne s'égare et perde de vue sa mission première qui est l'enseignement et la recherche. Des inquiétudes aujourd'hui largement relayées au Grand Conseil vaudois.

"Pas de marge de manœuvre"

Cela étant, Frédéric Herman bénéficie de nombreux soutiens (lire encadré ci-dessous), mais face aux pressions politiques, face à ce Conseil de l'université lui étant en partie hostile, Frédéric Herman a fait ses calculs et décidé de ne pas se représenter.

Sollicité par la RTS, le principal intéressé n'a pas souhaité s'exprimer. Mais il nous a écrit ce vendredi que "dans les conditions actuelles, je n'arrive pas à me projeter dans un second mandat car l'organisation de la gouvernance de l'UNIL ne me donne pas la marge de manœuvre dont j'ai besoin pour assumer ma responsabilité".

Quant aux critiques sur sa gestion de l'alma mater ou de certains dossiers, il n'a pas voulu nous répondre précisément. Mais il conteste la plupart des allégations faites contre lui et son équipe. Et se réjouit de défendre son bilan d'ici la fin de son mandat en 2026.

Marc Menichini, Pôle enquête RTS

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Un recteur qui garde des soutiens

Frédéric Herman n'est pas uniquement la cible de critiques: il bénéficie aussi de nombreux appuis. Même si on le dit mauvais communicant, parfois un brin flou dans ses décisions, un peu imprévisible, son travail, son humanisme et différentes mesures qu'il a initiées sont appréciés au sein de la communauté universitaire.

"Les échanges avec la direction de l'UNIL ont été constructifs, a indiqué à la RTS le comité de l'ACIDUL, l'association du corps intermédiaire de l'UNIL. La direction a fait preuve d'ouverture d'esprit sur un certain nombre de dossiers et était généralement à l'écoute des préoccupations de l'association concernant les conditions de travail et de recherche des doctorant-e-s et du corps intermédiaire, même si certaines demandes n'ont pas été mises en œuvre". Une position similaire à celle de certaines associations étudiantes.

Le canton aussi salue le travail de Frédéric Herman: "en tant que grandes institutions, nationales et internationales, les Universités font régulièrement l'objet de préoccupations et de questions, l'UNIL n'y échappe pas", a relevé le porte-parole du Département vaudois de l'enseignement et de la formation. "Le Département remercie la direction et les différentes instances dirigeantes de l'Université pour son travail, pour celui qui reste à faire et pour les nombreuses collaborations. L'UNIL est une grande institution à la pointe de l'enseignement et de la recherche dans de nombreux domaines qui participe au rayonnement du Canton".