Mardi après-midi, la direction de l’UNIL a présenté ses dernières réponses à une délégation de militantes et de militants. Ces réponses ont été acceptées dans la soirée par l'assemblée générale. L’installation dans le bâtiment Géopolis a donc cessé, écrit l'UNIL mercredi dans un communiqué.
Le collectif d'occupation demandait notamment l'arrêt des collaborations avec les universités israéliennes accusées d'avoir des liens avec l'armée ou l'industrie militaire, à l'image de ce qui avait été fait en 2022 vis-à-vis des institutions russes. Si la direction de l'alma mater a refusé d’entrer en matière sur ce boycott académique, elle a pris un certain nombre d'engagements, dont la création d'une cellule d'experts et d'expertes.
Soutien aux universités palestiniennes
Ce comité sera chargé d'évaluer les collaborations avec des instituts scientifiques en contexte de conflit armé "sous l'angle de l'éthique, de l'intégrité scientifique, du droit international et de la liberté académique".
L'UNIL accepte également d'inciter ses équipes de recherche à faire preuve de la plus grande diligence dans leurs collaborations scientifiques. Elle renforcera également le réseau et le dispositif "Scholars at risk" pour les chercheuses et chercheurs palestiniens, ainsi que son soutien aux étudiants.
Vigilance vis-à-vis des engagements
La direction mettra par ailleurs en place un programme de soutien à la reconstruction des capacités académiques palestiniennes et émettra une prise de position sur la situation de ces universités, largement détruites par les opérations de l'armée israélienne.
Garantissant la transparence sur ces mesures, l'UNIL souligne toutefois qu'elles sont soumises au respect par le collectif des engagements pris de son côté. Elle précise qu'elle restera vigilante à tout propos, acte ou discours répréhensibles "contraire à sa charte". D'éventuels dérapages feront l'objet d’une investigation, prévient-elle.
Entre satisfaction et regrets
Le conseiller d’Etat en charge de la formation Frédéric Borloz a salué "la fin de l’occupation non autorisée des locaux de l’Université de Lausanne, conformément à la volonté de l’Université, du Conseil d’Etat et du Grand Conseil". Il s'est dit satisfait de l'issue trouvée sur plusieurs points. Il regrette néanmoins "les messages injurieux, voire racistes et qui incitent à la haine". "Il y avait clairement d'autres moyens qu'une occupation non autorisée de locaux pour manifester", a-t-il estimé.
De leur côté, environs 1300 étudiants, selon le collectif pro-palestinien, ont participé à un rassemblement devant Géopolis. S'ils ont détaillé les avancées obtenues dans l'accord, ils ont déploré les pressions de l'Université et la gestion autoritaire du ministre de l'éducation Frédéric Borloz, copieusement hué. "L'accord met fin à l'occupation mercredi soir, mais pas à la mobilisation", ont-ils assuré. "Une voie pour le militantisme s'est ouverte dans toute la Suisse", se sont-ils réjouis.
Le collectif a aussi présenté ses recherches sur les universités israéliennes avec qui l'UNIL collabore. Son rapport détaille les violations de droits humains commises par ces institutions et leurs collaborations avec l’armée israélienne et des compagnies militaires privées.
En début de soirée, les étudiants ont évacué leurs dernières affaires du hall de Geopolis.
jop avec ats
Le rectorat de l'Université de Genève retire sa plainte
L'Université de Genève a retiré sa plainte pour violation de domicile déposée lors de l'occupation d'Uni Mail. Les étudiants pro-palestiniens ne risquent plus de poursuites pénales.
"L’intervention des forces de l’ordre a toujours été une solution de dernier recours et la plainte pénale un préalable nécessaire à l’évacuation. L’occupation ayant cessé, l’Université a retiré la plainte pénale déposée pour violation de domicile", a indiqué mercredi soir Marco Cattaneo porte-parole de l'UNIGE. Il confirmait une information de Léman Bleu.
Il précise également que le rectorat ne saisira pas le conseil de discipline au seul motif de la participation des étudiants à l’occupation du hall d’Uni Mail. Le rectorat se réserve toutefois le droit de le saisir si d’autres actions ou comportements devaient le justifier. Les sanctions peuvent aller du simple avertissement à l’exclusion.
>> Lire aussi : L'UNIGE dépose une plainte pour violation de domicile visant les étudiants propalestiniens
Les activistes de Bâle finalement évacués
Le mouvement étudiant suisse, lancé à Lausanne il y a deux semaines, s'est peu à peu étendu, plus ou moins temporairement, à d'autres universités du pays, dont Fribourg, Bâle, Berne, Zurich ou encore les prestigieuses écoles polytechniques de Lausanne et de Zurich.
À l'Université de Bâle, les activistes avaient refusé mercredi de libérer les lieux à l'issue du deuxième ultimatum de la direction et ont été évacués par la police. "Nous restons jusqu'à ce que l'Université de Bâle remplisse nos exigences", avait déclaré une porte-parole du mouvement mercredi matin.
L'Université a déposé une plainte pénale. Un premier ultimatum n'avait déjà pas eu d'effet mardi. Il avait échu en soirée sans que les occupants du bâtiment du Bernoullianum n'y obéissent.
Ultimatum fixé à Fribourg pour mercredi 15h00
Le rectorat de l'Université de Fribourg a quant à lui fixé un ultimatum aux occupantes et aux occupants du bâtiment sur le plateau de Pérolles. Ces derniers doivent quitter le site à partir de 15h00 mercredi.
Après de premières discussions avec le rectorat, le groupe avait pourtant accepté de ne mener leurs actions qu'en journée et d'évacuer les lieux durant la nuit.
"D'éventuelles actions comparables dans d'autres bâtiments de l'Université ne seront pas non plus tolérées", a indiqué cette dernière. Si l'évacuation n'a pas lieu, le rectorat affirme vouloir prendre "les mesures qui s'imposent", sans en dire davantage à ce stade. Il dit vouloir mettre un terme à une "action perturbatrice et non autorisée", précise le communiqué.
"Aucune collaboration problématique"
Par la suite, le rectorat se dit "prêt à poursuivre l'échange avec les représentants démocratiquement élus de l'Association générale des étudiants (AGEF)".
Selon l'Université, il n'existe à leur connaissance "aucune coopération" avec des institutions israéliennes dont le contenu pourrait être problématique, "même de loin". Elle dit ne tolérer "aucune restriction de la liberté scientifique et n'a pas l'intention de changer quoi que ce soit à l'avenir".