Malgré les réponses de Berne, la colère des agriculteurs ne retombe pas

Les agriculteurs vaudois ont investi les centres de cinq villes pour y faire part de leurs revendications et discuter avec les passantes et les passants, nombreux en ce jour de marché. Ils ont notamment évoqué la question de la rémunération de la profession, et en premier lieu le prix payé aux producteurs par la grande distribution et les marges que celle-ci s'octroie sur leur dos.

Des affiches parlant du prix des oeufs ou du lait ont été posées dans les centres commerciaux, directement dans les rayons, et 1500 litres de lait au prix équitable ont été distribués gratuitement à la population.

Briser le silence

Interrogé dans le 12h30, Steve Montandon, président des jeunes agriculteurs vaudois vaudois et organisateur de l’opération, s'est félicité de la "magnifique participation" des jeunesses de différents partis durant cette matinée, et de la "très belle écoute" de la part de la population. "On a pu renouer le lien ville-campagne et c'était l'objectif aujourd'hui."

Il faut créer un système alimentaire durable et équitable pour tous, de la fourche à la fourchette

"Les gens ne savent pas combien on est payé", a ajouté Steve Montandon. L'idée est donc de briser le silence et de "sensibiliser la population pour qu'elle se rende compte des marges effectuées par Coop et Migros sur notre dos". Pour lui, "il faut maintenant créer un système alimentaire durable et équitable pour tous, de la fourche à la fourchette".

>> L'interview de Steve Montandon dans le 12h30 :

Keystone - Valentin Flauraud

Des mesures annoncées par l'OFAG

Ces actions interviennent au lendemain d'une communication de la Confédération à l'intention des agriculteurs et agricultrices, suite à la révolte paysanne en Suisse. L'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) a explicité en huit points ce qui existe déjà pour favoriser le travail de la profession et ce qui sera prochainement mis en place.

>> Lire aussi : La Confédération répond aux agriculteurs en colère et promet des mesures

Parmi les points clés mis en avant par les paysans mécontents figure une charge administrative devenue trop lourde ces dernières décennies, ce que reconnaît l'OFAG. Il promet donc de la réduire au plus tard lors de sa nouvelle politique agricole, prévue pour 2030.

Les produits phytosanitaires sont également au cœur des préoccupations des paysans. L'office a promis de retarder à 2027 l'obligation des agriculteurs de communiquer sur les produits qu'ils utilisent.

Concernant la rémunération des paysans, l'OFAG admet que le marché est encore trop opaque. Le Conseil fédéral prévoit des mesures pour améliorer la transparence d'ici 2030. L'Office admet également que les agriculteurs et agricultrices sont trop peu payés. Il souligne toutefois que leurs revenus ont augmenté de 30% en moyenne entre 2015 et 2020.

"Un premier pas sur mille"

Pour Steve Montandon, il s'agit d'un "premier pas sur mille, mais il y a encore un long chemin à mener". La Politique agricole 2030 va bientôt être négociée, ajoute-t-il, et elle concernera directement les jeunes agriculteurs, qui doivent donc continuer à s'engager pour leur avenir.

Le président des jeunes agriculteurs vaudois promet donc d'autres actions et précise qu'il est avant tout important de revenir au contact de la population.

>> Le sujet du 19h30 sur la difficulté de remettre son exploitation agricole :

Reportage radio: Robin Baudraz

Adaptation web: Frédéric Boillat avec ats