Martin Chevallaz, figure vaudoise opposée à l'Espace économique européen (EEE), est décédé
Officier général et "ancien commandant brigade infanterie 2", comme l'indique l'avis mortuaire paru samedi dans le quotidien 24 Heures, Martin Chevallaz avait toutefois dû mettre ses fonctions militaires à l'arrière-plan en 1992 pour se consacrer à la lutte contre l'Espace économique européen (EEE). Le Département militaire fédéral ayant refusé sa demande de congé d'un an, il avait alors présenté sa démission en août.
L'anti-européen convaincu avait alors été engagé par l'Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) de Christoph Blocher, dont il était le responsable romand. Il avait dirigé la campagne pour le non de ce côté-ci de la Sarine. Martin Chevallaz était sorti partiellement vainqueur de ce combat, puisque l'accord avait été refusé au niveau fédéral par 50,3% de non; mais plébiscité dans les cantons romands, avec notamment 78,3% de oui dans son propre canton.
De radical à UDC
Homme de convictions, Martin Chevallaz n'hésitait pas à changer de famille politique lorsqu'il n'y reconnaissait plus ses valeurs. Le Vaudois s'était d'abord affilié aux radicaux, le parti de son père. Il est resté fidèle à ce parti jusqu'en 1993, avant de lui préférer l'UDC.
Entre 2002 à 2006, Martin Chevallaz siège comme député au Grand Conseil vaudois sous la bannière UDC. A cette période, il fait parler de lui comme l'un des rares politiciens de droite à se préoccuper d'écologie en lançant avec treize politiciens romands le "Mouvement du centre-droite pour une politique de l'environnement responsable" en septembre 2003 à Morges (VD).
Candidat au Conseil d'Etat
En 2004, à 56 ans, il se porte candidat à la succession du socialiste Pierre Chiffelle au Conseil d'Etat Vaudois. Soutenu par son parti, ainsi que par les radicaux et les libéraux, il ne peut toutefois rien faire contre le raz-de-marée du socialiste Pierre-Yves Maillard qui entre au Conseil d'Etat au premier tour avec plus de 63% des voix. "Je suis content d'avoir obtenu 30 % des suffrages", réagit de son côté Martin Chevallaz.
En 2005, le militaire de carrière, -devenu chef d'Etat-major du corps d'armée de montagne 3 en l'an 2000- accède à la fonction de commandant de la brigade d'infanterie 2. Il prendra sa retraite trois ans plus tard, à la fin 2008.
Fondateur du PBD Vaud
Sa carrière politique n'est toutefois pas terminée. Au contraire. Déçu de la radicalisation de l'UDC, de l'exclusion de la section grisonne en 2008 et de "l'écrasement" de son aile modérée, comme il l'explique à l'époque sur son site internet, le Vaudois décide de quitter le parti au printemps 2010.
Il s'engage alors pour la création de la section vaudoise du Parti bourgeois et démocratique (PBD) qui voit le jour en avril 2011 et en prend la présidence. Sous cette bannière, il se portera candidat à l'élection au Conseil d'Etat en mars 2012. Sans succès toutefois. Dans la foulée, il ne parvient pas non plus à décrocher un siège au Grand Conseil pour le nouveau parti.
Quelques mois plus tard, en août 2012, il quitte la présidence du PBD Vaud. La volonté du parti suisse de se rapprocher du PDC est notamment à l'origine de sa décision. "Je ne saurai en aucune façon sacrifier mon indépendance ou une parcelle de mes convictions à un quelconque alignement sur des positions floues", explique alors Martin Chevallaz.
Le Vaudois retrouvera par la suite les rangs de l'UDC, notamment en tant que conseiller communal à Epalinges.
ats/mera