Modifié

"Nous voulons maintenir le dialogue et nous assurer que le campus reste sécurisé", affirme le recteur de l'UNIL

Des militants pro-palestiniens occupent en toute passivité le hall d’un bâtiment de l’Université de Lausanne: interview de Frédéric Herman
Des militants pro-palestiniens occupent en toute passivité le hall d’un bâtiment de l’Université de Lausanne: interview de Frédéric Herman / La Matinale / 5 min. / le 3 mai 2024
Des étudiants pro-palestiniens occupent depuis jeudi un bâtiment de l'Université de Lausanne, autorisés à rester sur place par le recteur de l'UNIL Frédéric Herman. Dans La Matinale de la RTS, ce dernier a répété qu'il souhaitait maintenir le dialogue et garder le campus sécurisé. La faîtière swissuniversities prône aussi les négociations et non l'exclusion.

Une centaine d'étudiants pro-palestiniens occupent depuis jeudi en fin d'après-midi le hall d'entrée du bâtiment Géopolis de l'Université de Lausanne (UNIL). Selon le recteur de l'alma mater Frédéric Herman, les manifestants n'étaient plus qu'une dizaine en fin de soirée, "mais les chiffres restent à confirmer".

La première nuit d'occupation semble s'être passée dans le calme. "Je n'ai pas eu de nouvelles ce matin, mais je l'interprète comme un bon signe, que tout reste paisible et pacifique", explique Frédéric Herman au micro de la RTS.

>> Lire : Les activistes pro-palestiniens autorisés à occuper un bâtiment de l'Unil jusqu'à lundi

Plusieurs revendications

La veille, le recteur s'est rapidement rendu sur place pour discuter un moment avec quelques étudiants. Ils lui ont adressé plusieurs exigences: l'élaboration d'une liste des collaborations en cours avec des institutions israéliennes, leur interruption immédiate, et ce jusqu'à ce qu'Israël respecte un cessez-le-feu permanent et le respect du droit international ou encore une politique proactive d'accueil et de soutien envers les étudiants et chercheurs palestiniens, similaire à ce qui avait été mis en place à la suite de l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe.

Que leur a-t-il répondu? "On les a écoutés. On échange avec eux depuis plusieurs mois et nous voulons maintenir un dialogue. Je pense que c'est essentiel pour assurer un campus sécurisé. Ils nous ont envoyé des revendications et on s'est dit qu'on allait aller les écouter. On en prend acte et on va se positionner dans les jours à venir."

"Pas se positionner politiquement"

Frédéric Herman rappelle toutefois que les universités n'ont pas à se positionner politiquement. "Ce sont des institutions de formation. Mon rôle est de m'assurer que le campus reste sécurisé pour que nos missions de recherche et d'enseignement puissent avoir lieu, pour avoir des débats, une profondeur intellectuelle."

Selon l'ancien doyen de la Faculté de géosciences et de l'environnement, rien n'a été perturbé par la manifestation. "Les étudiants ont promis qu'ils n'allaient pas interrompre des activités de recherche et d'enseignement sur le campus."

L'UNIL a donné la garantie qu'il n'y aurait aucun contrôle d'identité des participants ni aucune sanction contre eux. Ils ne seront pas délogés non plus. "Nous nous sommes engagés à ne pas avoir de sanctions académiques ou d'approche violente", a souligné Frédéric Herman.

>> Voir le sujet du 19h30 sur les tensions à l'EPFL et l'Unil :

L’EPFL veut interdire à une association féministe l’organisation d’événements pendant six mois
L’EPFL veut interdire à une association féministe l’organisation d’événements pendant six mois / 19h30 / 2 min. / le 3 mai 2024

Propos recueillis par Valérie Hauert/jfe

Publié Modifié

La faîtière swissuniversities prône la négociation plutôt que l'exclusion

Interrogée dans le 19h30, Luciana Vaccaro, présidente de swissuniversities, la faîtière des recteurs des universités et hautes écoles suisses, a tout d'abord relevé que les tensions dans les universités sont les mêmes que celles qui ont cours dans la société à l'heure actuelle. "Nous devons faire de notre mieux pour maintenir une situation saine dans les universités." Pour elle, les lignes rouges sont les discours haineux, la violence et tout discours raciste, antisémite ou négationniste.

Concernant la décision du rectorat de l'Université de Lausanne d'autoriser les manifestants à rester dans ses locaux, Luciana Vacarro estime que le rectorat est "dans une posture de négociations avec ces étudiants et leur permettre de faire des revendications ne veut pas dire qu'il appuie ces revendications". Il s'agit au contraire d'une tentative d'aller dans le sens d'une désescalade.

Concernant la demande des manifestants de boycotter les universités israéliennes au niveau académique, la présidente de swissuniversities estime que l'Université de Lausanne est libre de gérer ses propres accords. Toutefois, à titre personnel, elle juge qu'on ne peut pas exclure une université parce qu'on remet en question les agissements d'un gouvernement. "Une assimilation d'un gouvernement avec des institutions est dangereuse, car cela revient à isoler des institutions qui sont ouvertes au dialogue et partagent nos valeurs. En revanche, il pourrait y avoir une ligne rouge comme ça a été le cas en Russie quand des institutions ont prôné la haine ou l'agression."

>> L'interview de Luciana Vaccaro dans le 19h30. :

La réaction de Luciana Vaccaro, présidente de swissuniversities, sur les manifestations pro-palestiniennes dans le milieu académique
La réaction de Luciana Vaccaro, présidente de swissuniversities, sur les manifestations pro-palestiniennes dans le milieu académique / 19h30 / 3 min. / le 3 mai 2024