"On va prendre des mesures", promet le président de l'EPFL face au climat tendu à propos de la guerre à Gaza
L'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) est devenue depuis quelques semaines, comme d'autres campus, un foyer de revendications d’étudiants pro-palestiniens. Si ces derniers ont levé leur occupation, les discussions autour de la guerre entre Israël et le Hamas n'ont pas disparu pour autant. Bien au contraire.
Comme le révèle Le Temps vendredi, les élèves qui émettent un avis contraire au mouvement pro-palestinien sont pris à partie sur les réseaux sociaux, harcelés et parfois même menacés de mort. Des messages violents dirigés contre des étudiants qui souhaitaient initialement apaiser les tensions.
"Une limite a été franchie, parce que c’est un événement qui n’a jamais été vu sur le campus", témoigne dans le 19h30 l'un d'eux, sous couvert de l'anonymat. "On a peur, on réagit différemment quand on se balade sur le campus, on regarde qui nous regarde, on regarde derrière nous."
"Il y aura probablement des plaintes"
Invité à réagir sur le plateau du 19h30, le président de l'EPFL Martin Vetterli se dit attristé par ces tensions. Des tensions exacerbées, selon lui, par les réseaux sociaux. "Mais c'est quelque chose qu'on monitore", assure-t-il. "Tous nos canaux de soutien sont à disposition de la communauté à l'EPFL en cas de besoin", poursuit-il. "Et puis on va prendre les mesures qu'il faudra prendre. Il y aura probablement des plaintes."
L'université en tant qu'institution doit rester absolument neutre pour permettre un débat
Pour éviter toute escalade, la direction a d'ailleurs organisé ce vendredi une table ronde pour échanger sur ces tensions. Il devenait urgent d'intervenir, selon lui, car les menaces étaient telles que certains - des étudiants juifs notamment - n'osaient plus venir sur le campus. "Notre priorité reste la sécurité de tout un chacun sur le campus de l'EPFL", rappelle Martin Vetterli.
La Coordination étudiante pour la Palestine (CEP), de son côté, condamne fermement toutes les attitudes discriminatoires. Elle considère toutefois que la direction porte une part de responsabilité en limitant la liberté d'expression sur le campus.
Martin Vetterli s'en défend tout en se disant convaincu que l'EPFL en tant qu'institution - comme les autres universités et hautes écoles du pays - doit rester "absolument neutre pour permettre un débat". Un débat qui doit cependant rester sain. "Maintenant, les étudiants sont des citoyens, des êtres humains qui peuvent s'exprimer en leur nom. Mais il ne faut vraiment pas qu'il y ait de dérives", insiste-t-il.
Sujet et interview TV: Thomas Epitaux-Fallot et Jennifer Covo
Adaptation web: Fabien Grenon