Quand il s’agit de soutirer de l’argent à des innocents, les escrocs ne manquent ni de culot ni d’imagination. Micheline (prénom d’emprunt) l’a récemment appris à ses dépens.
Début juillet, cette résidente de Montreux, bientôt centenaire, reçoit un coup de téléphone. Au bout du fil, un homme se fait passer pour un ami de son fils, lequel rencontrerait de grandes difficultés financières.
"Je ne sais pas pourquoi, j’y ai cru", témoigne Micheline dans le 19h30. "Déjà l’année passée, on m’avait raconté des histoires avec mon fils, qui aurait eu un accident. Pour finir ce n’était pas vrai, mais moi, quand on me parle de mes enfants, j’ai tendance à y croire...".
Chauffeur de taxi complice à son insu
Un chauffeur de taxi, qui ignore la supercherie, est mandaté pour accompagner Micheline jusqu’au guichet, où elle retire 20'000 francs. Le malfrat, qui se fait maintenant passer pour le fils de Micheline, rappelle alors le chauffeur.
"Il nous a dit d’aller à Evian", raconte-t-elle, encore sidérée. "Il nous a dit 'c’est la banque qui demande de vous conduire à Evian'." La femme, hésite un instant. Finalement elle s’exécute et remet l’enveloppe.
Arnaques aux "faux-familier" en hausse
Se faire passer pour un faux-fils, un faux-neveu, un faux banquier ou encore un faux policier: ce type d’escroqueries est actuellement en recrudescence en Suisse romande.
Parmi les 270 tentatives déclarées depuis le début de cette année, 150 ont abouti, pour un préjudice total d’un million et demi de francs, soit l’équivalent de la somme totale soutirée par les malfrats l’année dernière. La plupart des victimes sont des personnes âgées, car plus vulnérables. La police appelle à la plus grande vigilance.
"Quand on a un appel inconnu, d’un inconnu ou qui se fait passer pour quelqu’un d’autre, il faut absolument être méfiant et prudent", avertit David Guisolan. Le porte-parole de la Police cantonale vaudoise ajoute: "Il ne faut en aucun cas donner des coordonnées bancaires et des données personnelles à quelqu’un qui vous téléphone. Les banques n’agissent pas comme ça, la police n’agit pas comme ça. Le cas échéant il faut appeler la police."
Micheline a pour sa part déposé plainte, même s'il est peu probable qu'elle revoie un jour la couleur de son argent.
Yoan Rithner