En mars dernier, le père rendu furieux par une décision de l'arbitre âgé de 15 ans était entré sur le terrain et avait frappé l'adolescent. L'acte de violence avait immédiatement suscité une vive réaction de l'Association cantonale vaudoise de football (ACVF), qui avait décidé de suspendre une centaine de matches juniors le temps d'un week-end en guise de punition collective.
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Pour une période de trois ans, il est désormais interdit à cet homme d'entrer dans un stade et même de s'en approcher, indique 24 heures. Cette interdiction s'étend également aux patinoires, aux terrains de volley-ball et à toute autre enceinte de jeu.
Pour Jérôme Berthoud, responsable du bureau de prévention des violences à l'Association genevoise des sports (AGS), "c'est une sanction forte qui a le mérite de marquer les esprits". S'il salue cette mesure, il affirme cependant dans l'émission Forum qu'il faut surtout se concentrer sur la prévention "pour éviter qu'on en arrive là".
Enquête menée par l'ACVF
L'ACVF a mené une enquête approfondie sur plusieurs mois: elle a recueilli les témoignages de l'arbitre, de l'agresseur, ainsi que de plusieurs témoins présents lors de l'incident, dont certains ont rédigé des rapports. L'ACVF a ensuite consulté l'Association suisse de football, la seule autorité compétente pour prononcer des interdictions de terrain.
En cas de non-respect de cette sanction, l'homme pourrait être poursuivi pour violation de domicile.
Cette sanction intervient alors que les championnats juniors reprennent ce week-end. La sévérité de cette mesure envoie un message fort aux parents et aux spectateurs. Car, selon l'Association suisse de football, le non-respect du fair-play dans le football amateur est à l'origine de nombreuses blessures chaque année.
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Différentes formes de violence
Le football n'est par ailleurs pas le seul sport concerné par ces problèmes de violence. Selon une étude réalisée par l'AGS, la plupart des sports sont concernés. Quant à la violence en elle-même, elle peut revêtir différentes formes. "Les violences qui reviennent souvent dans les médias sont celles de violences physiques de la part de spectateurs envers des joueurs", indique Jérôme Berthoud. "Mais la violence dans le sport, elle est avant tout psychologique."
"On a aussi des cas de violence sexuelle qui sont assez importants dans les milieux sportifs: entre 10 et 20% des jeunes sportifs, à un moment donné, ont subi une forme de violence sexuelle", poursuit-il. "Ce sont des chiffres qui sont très inquiétants et qui nécessitent vraiment de mettre les ressources à disposition pour s'attaquer à cette question-là."
Prise de conscience
Il est par contre difficile de savoir si les violences dans le sport ont augmenté ou si ces actes sont désormais moins acceptés. Ce qui est sûr, selon Jérôme Berthoud, c'est qu'il y a en tout cas une vraie prise de conscience. "Aujourd'hui, les langues se délient, on agit et il y a une sensibilisation qui est beaucoup plus forte", dit-il.
Preuve de cette évolution, le poste de responsable du bureau de prévention des violences qu'occupe Jérôme Berthoud vient d'être créé en mai 2024 par l'AGS. Il s'agit d'une première en Suisse. "Les choses sont en train de clairement changer et Genève est très fière de participer à cette transformation", conclut-il
Léa Bucher/vajo/edel