Cann-L accueille désormais 800 consommateurs et consommatrices, qui doivent être inscrits pour acheter les résines et herbes bio cultivées dans un endroit de la région tenu secret. Quelque 330 autres personnes attendent leur inclusion et une trentaine d'intéressés prennent rendez-vous chaque semaine.
Pouvoir acquérir du cannabis dans ce local s'accompagne d'une participation à une étude basée sur des questionnaires.
Une question de santé publique
"Le premier bilan est très encourageant", déclare Emilie Moeschler au micro de la RTS. "Beaucoup de monde est venu s'inscrire. Le retour des personnes inscrites à ce projet-pilote de vente régulée nous disent à quel point elles apprécient de pouvoir acheter des produits contrôlés, de qualité et hors du marché illégal, ainsi que la possibilité d'être accompagné et conseillé pour la réduction des risques", détaille la municipale lausannoise en charge de la Cohésion sociale.
"C'est le but de cet essai, orienté santé publique et sans but lucratif. On devrait atteindre à la fin de l'année entre 1200 et 1500 participantes et participants", souligne encore l'élue socialiste.
Les consommateurs peuvent également obtenir des contacts s’ils ont besoin d’aide. Une vingtaine de personnes ont spontanément contacté le médecin référent au CHUV. A ce jour, une seule personne s’est elle-même exclue du projet. Il s’agit d’une femme qui a renoncé à la consommation de cannabis quand elle a appris qu’elle était enceinte.
Cann-L s'adresse aux personnes majeures vivant à Lausanne et déjà consommatrices de cannabis. Parmi les 800 participants, 78% sont des hommes et près de 70% consomment cette plante depuis plus de 10 ans, décrit la Ville de Lausanne. Un peu plus de la moitié en prennent quotidiennement ou presque. La personne la plus jeune a 18 ans, la plus âgée 80. La moyenne d'âge est de 37 ans.
Des produits avec un taux de THC élevé
L'objectif d'autofinancement devrait bientôt être atteint, annoncent par ailleurs les autorités lausannoises. Un peu plus de la moitié des ventes concernent des produits avec un taux de THC élevé, soit entre 15 et 20%. "Les participants à cet essai disent se diriger vers des produits avec des taux de THC un peu moins élevé que quand elles se procuraient le cannabis sur le marché noir", note Emilie Moeschler.
Les quantités de cannabis légal écoulées n'ont cessé d'augmenter depuis l'ouverture en fin d'année. Au mois de mars, huit kilos de cannabis ont été vendus, soit l’équivalent d'environ de 10% du marché illégal mensuel. Les données pour évaluer l'impact de la vente régulée sur le marché noir manquent encore, indique Emilie Moeschler. Des évaluations plus précises sont attendues pour la fin de l'année.
Texte web: Antoine Michel avec ats
Propos recueillis par Guillaume Rey
Lancement d'une initiative pour légaliser le cannabis en Suisse
La possession, la culture et la vente de cannabis à un taux limité de THC devraient être libéralisées en Suisse. Un comité citoyen a lancé une initiative populaire en ce sens, annonce mardi la Chancellerie fédérale. Le texte devra réunir au moins 100'000 paraphes d'ici le 30 octobre 2025.
D'après le texte, la culture et la vente à des fins commerciales seraient autorisées. Les exploitations et les points de vente seraient soumis à licence et à des normes strictes de qualité et de sécurité.
Obligation de faire de la prévention
L'initiative intitulée "Légaliser le cannabis: une chance pour l'économie, la santé et l'égalité" demande aussi que les revenus provenant de l'imposition des produits du cannabis soient attribués à la prévention sur les drogues. La Confédération devrait ainsi organiser de vastes campagnes d'information sur les risques liés à la consommation de cannabis.
La culture à titre privé d'une quantité maximale de 50 plantes de cannabis devrait être autorisée, une autorisation spéciale étant requise à partir de 51 plantes. En plus des plantes cultivées, l'entreposage à domicile d'une quantité maximale de trois kilogrammes de cannabis serait autorisé.
Le THC dans le sang serait fixé de telle manière qu'une personne qui consomme jusqu'à cinq grammes de cannabis par jour puisse participer à la circulation routière. L'importation de graines de cannabis et de cannabis sous forme de cultures de tissus végétaux est autorisée, précise encore l'initiative.