Pour engager une mue à l’échelle d’un voisinage entier, il faut obtenir le feu vert de chacun des propriétaires. Ceux-ci doivent se mettre d'accord sur les travaux à effectuer en priorité.
Les débats sont souvent houleux, car il est question d'importants montants à investir, de choix esthétiques et de priorités personnelles.
C'était plus simple à Nyon, car les bâtiments appartiennent tous à la Coopérative d'habitation de la Paix.
Onze immeubles reliés
"Ce quartier ne consomme plus d'énergie fossile directement", explique Marc Muller. Cet ingénieur en durabilité, fondateur de l'entreprise Impact living, a suivi tous les travaux. Le quartier se passe désormais de l'ancienne chaudière à gaz commune.
Pour les propriétaires, ce ne sont pas les subventions qui sont déterminantes pour décider de l'entame de ce type de projet
"Nous avons pu relier ces onze immeubles. Ils sont équipés avec du solaire, des pompes à chaleur et ont été isolés. Nous avons aussi créé un réseau électrique entre ces immeubles. Cela signifie que la coopérative peut échanger de l'énergie entre les appartements. Nous avons tellement baissé les besoins en énergie que celle qui est disponible sur le site suffit seule à couvrir la majorité des besoins, y compris de mobilité", détaille-t-il.
Rénover de fond en comble un parc immobilier a son prix. "Nous avons investi 5,3 millions de francs", indique le président de la coopérative Michel Piguet. "Les subventions communales, cantonales et fédérales, une fois additionnées, se sont élevées à environ 13%. Pour les propriétaires, ce ne sont pas les subventions qui sont déterminantes pour décider de l'entame de ce type de projet", estime-t-il.
Pas d'amortissement complet
L'amortissement principal sera issu de la vente d'électricité. "Mais les dépenses ne seront jamais totalement amorties. Nous avons dit dès le début qu'une partie de ces travaux serait une perte. Nous avons accepté cette perte parce qu'il le faut pour le climat", souligne Michel Piguet.
Le quartier va fonctionner en autonomie, au solaire et sur batterie, pendant 24 heures si tout va bien
Les locataires, eux, y gagneront avec des charges plus faibles. La coopérative s'est même engagée à ne pas augmenter leurs loyers.
Lors de l'inauguration qui a eu lieu jeudi soir, le conseiller d'Etat vaudois Vassilis Venizelos a, à l'aide d'un levier, déconnecté le quartier du réseau électrique. "Le quartier va fonctionner en autonomie, au solaire et sur batterie, pendant 24 heures si tout va bien", déclare Marc Muller.
Un enjeu politique
Selon les derniers chiffres de l'Office fédéral de la statistique, qui se basent sur le Registre fédéral des bâtiments et des logements, les pompes à chaleur équipent désormais un logement sur quatre en Suisse.
La tendance est clairement à la hausse. Leur part a été multiplié par cinq depuis 2000. Mais un peu plus de la moitié des logements (54%) restent chauffés au mazout ou au gaz.
>> Lire sur le sujet : La majorité de bâtiments encore chauffés à l'énergie fossile, malgré l'essor des pompes à chaleur
Remplacer les énergies fossiles n'est qu'une partie de tous les investissements à faire. Reste aussi la question des aides financières de l'Etat. Le Conseil fédéral devrait fin novembre communiquer sa proposition sur le budget alloué aux subsides. Le Parlement devra ensuite s'emparer du sujet.
Dominique Choffat/ami