Un réseau de soins intégrés lancé dans le canton de Vaud dans un contexte de hausse des primes
Dès le 1er janvier, CSS proposera à ses clients un nouveau modèle d'assurance alternative, avec un parcours de santé qui se fera majoritairement au sein de l'Ensemble hospitalier de la Côte, qui couvre les districts de Morges et de l’Ouest lausannois. A terme, l’EHC espère pouvoir s’associer à d’autres assurances et toucher une plus large partie de la population.
Les patients auront accès à 40 spécialités médicales et toutes les prestations de santé seront couvertes, de la première consultation téléphonique au suivi par le médecin de famille, en passant par le traitement hospitalier, les urgences, le suivi postopératoire et les soins de longue durée.
Le suivi des patients sera assuré grâce à un dossier électronique, qui permettra de centraliser toutes les informations. Par ailleurs, une soignante sera chargée d'accompagner et aiguiller les assurés. Cette coordinatrice sera exclusivement dédiée à leur suivi médical ainsi qu'à la prévention d'éventuelles maladies. Les patients bénéficieront donc d'un suivi personnalisé qui doit permettre d'éviter les actes ou rendez-vous médicaux non essentiels.
Maîtriser les coûts de la santé
Invité dans le 19h30 de la RTS, le conseiller d'Etat bernois en charge de la Santé Pierre Alain Schnegg salue cette initiative. Selon lui, ce modèle de réseau de soins représente l'avenir, "parce que c'est par ce biais-là que l'on arrivera à beaucoup mieux maîtriser l'évolution des coûts, mais aussi à donner des soins de meilleure qualité à la patientèle". Il y a quelques mois, un modèle différent de réseau de soins a d'ailleurs été lancé dans le Jura bernois.
Sa vision est partagée par Mikael de Rham, le directeur général de l'EHC, pour qui l'objectif du partenariat est avant tout d'offrir des prestations de qualité, et probablement d’avoir un impact sur les coûts de la santé, car "la prise en charge dans le cadre d'un réseau est évidemment plus efficiente que dans un système qui est complètement éclaté". Il espère donc, à terme, que cette offre permette "de contenir les coûts et donc de maintenir des primes compétitives".
"Ce partenariat est une prise de responsabilité dans un contexte où le système de santé suisse, qui vit une augmentation continue de ses primes d'assurance maladie, va se prendre le mur. Et l'une des raisons pour laquelle on se retrouve face à cette augmentation continue, c'est que chacun des acteurs défend ses intérêts propres", estime-t-il dans l'émission Forum.
Pour lui, "ce partenariat fait la démonstration que des acteurs qui avaient jusqu'à aujourd'hui l'habitude de se regarder un peu en chiens de faïence peuvent élaborer des projets innovants d'intérêt pour la population d'une région".
"Lien incestueux"
Tous les acteurs de la santé ne sont cependant pas aussi enthousiastes. Certains dénoncent justement ce rapprochement entre les assureurs et les réseaux de soins. "C'est un lien incestueux, puisque dans certains réseaux de soins, l'assureur investit directement de l'argent", dénonce Michel Matter, le président de l'Association des médecins genevois. "Sachant que les Suissesses et les Suisses peuvent changer d'assurance chaque année, est-ce qu'ils devront être liés à cet assureur?", s'interroge-t-il.
Non, rétorque Pierre Alain Schnegg. S'il comprend les craintes soulevées, il tient à rappeler que "ces modèles sont basés sur la LAMal et que le patient a toujours la possibilité, chaque année, de changer de modèle ou de changer de caisse".
La question de la protection des données inquiète également, certains craignant que les assureurs aient accès aux données médicales des patients par le biais du dossier électronique. Mikael de Rham promet toutefois que cela n'arrivera pas. "On se doit de respecter la loi sur la protection des données, donc évidemment qu'il n'y a pas de partage de données médicales des patients et des assurés, c'est une évidence", soutient-il.
Sujet radio et TV: Robin Baudraz et Léa Bucher
Adaptation web: Emilie Délétroz