Une pétition déposée pour réclamer davantage de moyens dans les classes vaudoises de 1-2P
En juin dernier, après une année scolaire jugée difficile, un collectif s'est créé pour tirer la sonnette d'alarme concernant "le manque criant de moyens" pour accompagner les élèves de 4 à 6 ans dans leur début de scolarité. Il a lancé une pétition qui décrit la difficile réalité du terrain et énumère sept revendications.
La pétition relate que, dans de nombreuses classes enfantines, il y a des élèves aux comportements problématiques, qui ont une grande violence en eux. Chez certains, des troubles ont été identifiés (autisme ou hyperactivité), mais l'aide apportée est qualifiée de "clairement insuffisante". Chez d'autres, aucun diagnostic n'a encore été posé. Une prise en charge par un spécialiste doit être lancée, mais elle tarde souvent à se mettre en place parce que tous les services sont débordés.
Pour toutes sortes de raisons, des enfants subissent des violences, d'autres sont angoissés et ceux qui vont plutôt bien doivent subir en classe un "nombre incalculable" de mélodrames et de crises. "Nous avons l'impression que l'Etat nous abandonne", écrivent-elles.
"Le constat était assez unanime. Nous vivons toutes et tous la même chose dans nos classes. Et nous avons eu besoin de dire ce qu'il se passait et d'alerter", déclare Anne Maillard, membre du collectif.
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Appel à l'aide
Les pétitionnaires, appuyées par les syndicats, appellent "urgemment à l'aide". Elles réclament notamment un co-enseignement - soit deux enseignantes par classe - les quatre matins, où les 1-2P sont ensemble. Elles demandent aussi une hausse des effectifs des assistantes à l'intégration, des psychologues et des logopédistes, des classes à effectif plus réduit (seize élèves maximum) ainsi que du personnel à disposition pour gérer les grosses crises.
Les enseignantes espèrent que les députés "comprendront l'urgence de la situation et se prononceront rapidement en faveur de nos demandes", écrivent-elles dans un communiqué. "Nous avons envie de faire bien notre travail. On ne peut pas nous laisser comme ça", ajoute Anne Maillard. La pétition a été signée par de nombreuses enseignantes, mais aussi par des parents d'élèves ou des spécialistes qui interviennent dans les classes.
Une question d'argent
Le conseiller d'Etat Frédéric Borloz dit avoir entendu cette souffrance et ces besoins. "Nous avons mis l'accent dessus à la rentrée 2023, avec des moyens qui se déploient en 2024 et 2025. La problématique est que nous n'avons pas de baguette magique et ni de réserve d'argent", argumente le ministre PLR.
Le canton a déboursé 4,3 millions pour cette rentrée, notamment pour des postes de logopédistes et des classes destinées élèves en difficultés. Pas de quoi satisfaire les pétitionnaires.
"Ce n'est vraiment pas assez", juge Anne Maillard. "Les mesures prises pour les classes de 1-2P nous donnent une période d'aide supplémentaire par classe pour la semaine. Cela ne va pas résoudre nos problèmes. Cette période est souvent donnée par une personne qui va dans de nombreuses classes et qui ne peut donc pas réfléchir sur les projets pour aider un enfant en particulier", détaille-t-elle.
La balle est désormais dans le camp du Parlement cantonal, qui a reçu la pétition.
ats/ami avec ct