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Le site de l'ancienne centrale nucléaire de Lucens sous surveillance

Vue extérieure de l'ancienne centrale nucléaire de Lucens, réaffectée en Dépôt et Abri de Biens Culturels pour le canton de Vaud. [Dominic Favre]
Vue extérieure de l'ancienne centrale nucléaire de Lucens, réaffectée en Dépôt et Abri de Biens Culturels pour le canton de Vaud. - [Dominic Favre]
Deux collecteurs automatiques ont été installés mercredi dans l'ancienne centrale nucléaire de Lucens (VD) pour en surveiller les émissions de tritium.

A l'aide de ces deux collecteurs automatiques qui effectueront des prélèvement toutes les 12 heures, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) veut poursuivre sa surveillance des émissions de tritium et essayer d'en connaître l'origine. Malgré les dernières nouvelles rassurantes sur les niveaux de tritium qui ont montré qu'il n'y avait pas de contamination de l'environnement, les responsables continuent ainsi leurs recherches.

Les collecteurs permettront de contrôler l'eau d'infiltration sous la caverne du réacteur et dans le bassin principal où sont réunies toutes les eaux récoltées, explique Sybille Estier, cheffe de la section radioactivité de l'environnement à l'OFSP.

Longtemps, les niveaux de tritium n'ont alerté personne, mais fin 2011 et début 2012 une hausse a été constatée. Sans que cela signifie un danger quelconque, précise la responsable: dans le bassin principal, un pic de 230 Becquerel par litre (Bq/l) a été mesuré alors que la valeur limite légale est de 12'000 Bq/l.

Cette mesure a été annoncée alors qu'en France une centrale a été investie par Greenpeace (Lire: Un militant de Greenpeace s'introduit dans une centrale nucléaire en France).

Deux hypothèses

Il y a deux hypothèses quant à l'origine de la hausse de tritium: soit il s'agit de restes de la contamination du coeur du réacteur accidenté, soit c'est de l'eau lourde contenant du tritium qui a été rejetée dans la roche de la caverne aujourd'hui entièrement bétonnée. Les spécialistes de l'époque ont estimé qu'il manquait 400 grammes de combustible nucléaire entre ce qui a été mis dans la centrale et ce qui en a été extrait après l'accident de 1969. Ce bloc de 400 grammes qui est diffusés, ne pourrait être détecté, relève Sybille Estier.

Pas de crainte

La spécialiste ne s'attend pas à de nouveaux pics de l'élément chimique. Autre nouvelle rassurante, les recherches de césium et de strontium n'ont pas permis de déceler quoi que ce soit de remarquable. Le programme de surveillance de l'OFSP est prévu grosso modo jusqu'en 2022, date à laquelle la radioactivité des 400 grammes de combustible ne devrait de toute manière plus poser de problème.

ats/hend

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Coeur endommagé

En 1969, durant la construction de la centrale de Lucens, un élément a partiellement fondu, provoquant d'importants dégâts au coeur du réacteur. Celui-ci a été arrêté puis démonté. Lucens figure aujourd'hui au 8e rang des catastrophes nucléaires mondiales.

L'ancienne centrale est une sorte de laboratoire de ce qui se passe après un accident et de la gestion qu'il faut mettre en oeuvre, remarque Christian Pittet, responsable du site de Lucens, qui abrite aujourd'hui les biens culturels du canton de Vaud.

Le tritium: késako?

Le tritium est un isotope (deux atomes dont le noyau a un nombre de protons identique mais un nombre de neutrons différent) radioactif d'hydrogène. Il se forme naturellement dans l'atmosphère ou de manière artificielle, notamment dans les réacteurs nucléaires, où il devient toxique. Sa période de vie est d'environ 12 ans.