Au deuxième jour du procès de l'affaire Ségalat, du nom de l'ancienne conseillère municipale Catherine Ségalat retrouvée morte le 9 janvier 2010 à Vaux-sur-Morges, la parole a été donnée à la compagne de l'accusé.
"Nous sommes épuisés par 2 ans de procédure"
Durant l'interrogatoire, la compagne a indiqué qu'elle n'avait pas griffé L.S. au visage avant la nuit fatidique, contrairement à ce que l'accusé a un temps affirmé. "Je ne comprends pas les raisons qui lui ont fait dire que c'était moi", a-t-elle précisé. Témoignant du caractère calme de l'accusé, elle a aussi affirmé: "pour moi, connaissant L.S., il est impossible qu'il ait pu attenter à la vie de Catherine" Ségalat.
"Oui, j'ai douté un moment, avec l'histoire des griffures", souligne-t-elle encore. "Les policiers avaient une telle conviction que c'était un crime. [...] La seule explication pour moi, c'était que L.S. était devenu fou". La compagne termine: "Nous sommes tous épuisés par ces deux années de procédure".
"Si c'est lui, c'est à cause de l'argent"
Les témoins de l'accusation se sont ensuite succédé. La femme de ménage de Catherine Ségalat a confirmé que cette dernière était soucieuse le jour du drame. Une amie proche de la victime a ensuite fait mention de relations tendues entre la belle-mère et L.S., surtout depuis que celui-ci travaillait dans la librairie familiale. "Catherine m'a dit qu'elle soupçonnait L.S. de voler dans la caisse de la librairie. Si c'est lui, c'est à cause de l'argent", conclut-elle. Sur sa chaise, L.S. secoue la tête.
Un ami de Catherine Ségalat et de son mari souligne quant à lui avoir "ressenti très fort qu'il y avait un problème entre Catherine et L.S, même si elle ne m'a rien dit". La victime semblait très inquiète sur la tournure que prenait la reprise de la libraire, qui "allait devenir très compliquée", selon ce témoin. Enfin, le notaire de la famille souligne que le testament du couple prévoyait que L.S. aurait la préférence pour reprendre la libraire en cas de décès.
Tollé après une mention à l'affaire Légeret
En matinée, le procès est entré dans des considérations très techniques avec l'audition de trois policiers qui ont mené l'enquête. Les discussions ont surtout porté sur l'analyse des traces de sang retrouvées dans la résidence Le Moulin.
En début d'audience, un agent évoque son arrivée sur les lieux. "Lorsque j'ai vu le visage de Catherine Ségalat, j'ai compris que quelque chose n'allait pas. [...] Une fois à l'étage, j'ai vu l'accusé et là aussi, quelque chose n'allait pas". Le policier a alors demandé à l'accusé s'il n'avait pas "fait une grosse bêtise durant la nuit". L.S. était resté plusieurs minutes silencieux, avant de s'offusquer de la question.
"Pas le procès de la police"
L'interrogatoire passe ensuite à une experte scientifique qui a tenté de reproduire les événements de la soirée fatidique. La défense, plus insistante que le jour précédent, met en doute les analyses menées par la police scientifique. Le juge prévient: "Je ne veux pas que ce procès se transforme en procès de la police".
Après plusieurs heures d'interrogatoire, la défense tente d'évoquer l'affaire Légeret, provoquant un tollé général dans la salle d'audience. "Ce n'est pas le sujet, s'il-vous plaît", rappelle le président de la cour. Les témoins sont finalement remerciés, après une matinée d'interrogatoire.
Les débats reprendront vendredi à 8h30 avec le témoignage d'experts.
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Cécile Rais
Les prochains jours
Les prochains jours, le procès devrait surtout tourner autour de plusieurs expertises contradictoires sur les causes de la mort de Catherine Ségalat.
Certains experts défendent la thèse du décès accidentel, alors que d'autres balaient la thèse de l'accident.
Les débats devraient également porter sur l'éventuel mobile de L.S., qui reste pour l'heure mystérieux.
Catherine Ségalat et L.S. étaient en négociation pour la reprise de la librairie du père du suspect.
Mais ces négociations n'ont, semble-t-il, pas donné lieu à un conflit. L.S. a toujours nié avoir agressé sa belle-mère.