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L'affaire Ségalat a tourné vendredi à la bataille d'experts

Le procès Ségalat a vu s'affronter vendredi les experts de la défense et de l'accusation. [Fabrice Coffrini]
Le procès Ségalat a vu s'affronter vendredi les experts de la défense et de l'accusation. - [Fabrice Coffrini]
Au troisième jour du procès dans l'affaire Ségalat, la parole a été donnée aux experts. Alors qu'une spécialiste parisienne conclut à un accident, d'autres soutiennent la thèse d'une altercation.

Vendredi, la bataille des experts mandatés par la défense et l'accusation a fait rage lors du procès de l'affaire Ségalat. La directrice de l'Institut médico-légal de Paris, Dominique Lecomte, a soutenu fermement la thèse de l'accident. L'experte française, qui a plus de 22'000 autopsies à son actif,  a tenu à souligner d'emblée "sa neutralité et son objectivité" dans le dossier, en réponse aux attaques dont elle a été l'objet de la part d'un confrère portugais mandaté par la justice.

En face, le professeur Patrice Mangin, directeur du Centre universitaire romand de Médecine légale aux Universités de Lausanne et de Genève, a maintenu sa position. Il voit des signes démontrant une altercation entre la victime et l'accusé.

Un des points divergents concerne les griffures sur les visages de L.S. et de Catherine Ségalat. "Je n'ai pas vu de griffures sur la victime", a affirmé l'experte française. Et d'ajouter: "L.S. n'a pas de griffures non plus, mais des lésions, comme des éraflures".

La question du marteau

Le Dr. Sébastien de Froidmont, seul médecin-légiste présent sur les lieux après le drame, a soutenu que les circonstances de la mort de Catherine Ségalat lui paraissaient "suspectes". Il a confirmé que les lésions de la victime avaient pu être infligées par un "objet contondant", tel qu'un marteau. Thèse rejetée par Dominique Lecomte qui assure qu'un tel outil n'a pas pu provoquer les lésions de la victime.

Le Professeur Patrice Mangin (pris en photo ici dans le cadre d'une conférence de presse sur une autre affaire en janvier) a soutenu que six ou sept chutes seraient nécessaires pour provoquer des plaies telles que celles présentées par la victime. [KEYSTONE - Olivier Maire]
Le Professeur Patrice Mangin (pris en photo ici dans le cadre d'une conférence de presse sur une autre affaire en janvier) a soutenu que six ou sept chutes seraient nécessaires pour provoquer des plaies telles que celles présentées par la victime. [KEYSTONE - Olivier Maire]

Alors que pour Patrice Mangin "six ou sept" chutes ont été nécessaires pour provoquer des plaies telles que celles présentées par la victime, Dominique Lecomte a affirmé qu'"une chute a pu suffire à tuer la victime."

La tête de la victime a subi "un véritable scalp", accompagné d'autres blessures graves, a relevé Patrice Mangin. Si la chute dans l'escalier peut expliquer la plaie principale, il faut encore expliquer les autres, a-t-il souligné. Certes, "sur le plan théorique, on peut imaginer" une sorte de roulé-boulé de la victime dans les escaliers de la maison familiale, a répondu le professeur à une question de la défense. Mais il a jugé très improbable cette hypothèse, vu la configuration des lieux, notamment.

Vidange gastrique

Interrogé sur la problématique du transit gastrique pour déterminer l'heure du décès, Patrice Mangin a écarté cette méthode. Il a dit n'accorder "aucune valeur au bol gastrique" à cause de trop nombreux paramètres aléatoires qui empêchent toute certitude. Engagé par la défense, le professeur Michael Fried de l'Hôpital universitaire de Zurich a balayé d'un revers de la main les affirmations de Patrice Mangin.

Jacques Barillon, avocat de la famille de la victime avec la soeur et la belle soeur de la victime. [Laurent Gillieron]
Jacques Barillon, avocat de la famille de la victime avec la soeur et la belle soeur de la victime. [Laurent Gillieron]

Se qualifiant lui-même de spécialiste mondial de ce domaine, le Zurichois a indiqué qu'aujourd'hui "on connaît exactement comment un estomac humain vide un repas". Pour la défense, les affirmations de Michael Fried sont d'une grande importance. Elle estime en effet sur cette base que L.S. n'était pas à Vaux-sur-Morges au moment du drame.

Des traces de peinture rouge sur les escaliers

Par ailleurs, l'inspecteur de police auditionné la veille (jeudi) est retourné sur les lieux du drame vendredi matin pour photographier des traces rouges signalées par la défense sur les escaliers. Comme le soutenaient les avocats de l'accusé, les marques encore visibles sont bien de la peinture, selon les constatations du policier. Ces traces que la femme de ménage n'avait pas remarquées n'ont pas non plus été observées par les nouveaux propriétaires de la maison.

Le procès, qui se déroule au Tribunal criminel de la Côte à Renens, reprendra mardi.

Le suivi des audiences en direct sur Twitter:

Le suivi du procès Ségalat en direct sur Twitter

Mathieu Henderson

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