"Je vous demande de me sortir de ce cauchemar, moi, ma famille, mes enfants." C'est sur ces paroles de l'accusé, L.S., que ce sont conclues les audiences avant le verdict de l'affaire Ségalat.
Avant cela, Mes Marie-Pomme Moinat, Gilles-Jean Portejoie et Stefan Disch ont plaidé pour l'acquittement de leur client, accusé du meurtre de Catherine Ségalat. Ils ont passé en revue les éléments techniques et se sont efforcés d'insinuer le doute sur les conclusions de l'expert dont les travaux étaient le plus à charge.
Pas de mobile, pas d'arme
Pour Me Marie-Pomme Moinat, "la médecine légale n'est pas une science exacte" et ne suffit pas à établir les faits. Selon l'avocate "les lésions de la victime sont cohérentes avec une chute." De son côté, Me Gilles-Jean Portejoie a affirmé qu'il n'y avait "ni mobile, ni témoignage, ni preuve, ni aveu, ni arme."
Me Stefan Disch reconnaît que "le délai avant l'appel au secours a été trop long. On ne peut l'expliquer rationnellement". Mais, ajoute-t-il, "si L.S. était dans un état dissociatif, comme l'ont évoqué des experts, qui peut aujourd'hui dire que L.S. n'est pas resté plusieurs minutes sans savoir quoi faire."
"Le courage d'acquitter"
Pour les trois défenseurs, la bataille d'experts et le doute qui en résulte doivent donc profiter à l'accusé. Car, selon Gilles-Jean Portejoie "l'acquittement, ce n'est pas l'échec de l'institution judiciaire. C'est le courage. La grandeur de la justice s'en ressent."
(Voir les détails de la journée: Le suivi minute par minute de la plaidoirie dans l'affaire Ségalat)
Hier, le procureur Eric Cottier avait mené un réquisitoire touffu de 2 heures et demie pour réclamer 16 ans de prison contre l'accusé. Il avait été suivi par Me Barillon, avocat de la famille de la victime, qui a tenté d'émouvoir la cour.
Tybalt Félix, Renens
Le procès jour après jour
Ancienne conseillère municipale de Vaux-sur-Morges, Catherine Ségalat a été retrouvée morte le 9 janvier 2010 dans sa résidence du Moulin. Son beau-fils L.S. est soupçonné d'avoir tué sa belle-mère. L'homme a toujours nié.
Le procès de l'affaire s'est ouvert mardi 22 mai devant le tribunal de la Côte à Renens (VD). La première journée a surtout tourné autour de la mémoire très fragmentaire de l'accusé.
Le mercredi 23 a été marqué par le témoignage de la compagne de l'accusé.
"Nous sommes épuisés par 2 ans de procédure". Des témoins ont évoqué des tensions entre Catherine Ségalat et L.S. à propos de la reprise de la libraire familiale.
Le procès a ensuite tourné à la bataille d'experts. Alors que la spécialiste parisienne Dominique Lecomte conclut à un accident, d'autres soutiennent la thèse d'une agression.
Au début de la deuxième semaine d'audience, la parole a été donnée à une dizaine de témoins de la défense. Ils ont décrit un homme entretenant de très bonnes relations avec la victime et pas du tout intéressé par l'argent.
Mercredi, le tribunal a entendu deux psychiatres, qui estiment que l'accusé ne souffre d’aucune maladie mentale. L'après-midi de jeudi a été consacrée au réquisitoire du Ministère public et à la plaidoirie des parties civiles, qui ont demandé 16 ans de réclusion.
Vendredi matin, la défense a plaidé pour l'acquittement.