En détention depuis plus de deux ans, L.S. avait demandé au jury qu'il le sorte "de ce cauchemar". "Moi, ma famille, mes enfants", avait-il ajouté. Le jury a tranché en sa faveur. Ses avocats ont donc su convaincre, eux qui estimaient que le doute, issu entre autres des expertises contradictoires, devait profiter à l'accusé.
Applaudissements et larmes
Pour le président du tribunal, il n'y a pas de preuve suffisante pour exclure l'intervention d'un tiers dans la mort de Catherine Ségalat. Des cris de joie dans la salle ont accueilli l'énoncé du verdict. La famille proche de L.S., émue aux larmes, a accueilli par des applaudissements les défenseurs de l'accusé à l'extérieur de la salle.
Un appel est possible après l'énoncé des considérants. Dans l'immédiat, le procureur Eric Cottier se dit "surpris" et attend lesdits considérants.
Pas de mobile, pas d'arme
Me Gilles-Jean Portejoie avait notamment affirmé qu'il n'y avait "ni mobile, ni témoignage, ni preuve, ni aveu, ni arme." Il avait appelé le jury à avoir "le courage" de l'acquittement", qui ne serait "pas l'échec de l'institution judiciaire."
La veille, le procureur Eric Cottier avait mené un réquisitoire touffu de 2 heures et demie pour réclamer 16 ans de prison contre un accusé "dissimulateur et calculateur".
(Voir les détails de la journée: Le suivi minute par minute de la plaidoirie dans l'affaire Ségalat)
Tybalt Félix, Renens
Le procès jour après jour
Ancienne conseillère municipale de Vaux-sur-Morges, Catherine Ségalat a été retrouvée morte le 9 janvier 2010 dans sa résidence du Moulin. Son beau-fils L.S. est soupçonné d'avoir tué sa belle-mère. L'homme a toujours nié.
Le procès de l'affaire s'est ouvert mardi 22 mai devant le tribunal de la Côte à Renens (VD). La première journée a surtout tourné autour de la mémoire très fragmentaire de l'accusé.
Le mercredi 23 a été marqué par le témoignage de la compagne de l'accusé.
"Nous sommes épuisés par 2 ans de procédure". Des témoins ont évoqué des tensions entre Catherine Ségalat et L.S. à propos de la reprise de la libraire familiale.
Le procès a ensuite tourné à la bataille d'experts. Alors que la spécialiste parisienne Dominique Lecomte conclut à un accident, d'autres soutiennent la thèse d'une agression.
Au début de la deuxième semaine d'audience, la parole a été donnée à une dizaine de témoins de la défense. Ils ont décrit un homme entretenant de très bonnes relations avec la victime et pas du tout intéressé par l'argent.
Mercredi, le tribunal a entendu deux psychiatres, qui estiment que l'accusé ne souffre d’aucune maladie mentale. L'après-midi de jeudi a été consacrée au réquisitoire du Ministère public et à la plaidoirie des parties civiles, qui ont demandé 16 ans de réclusion.
Vendredi matin, la défense a plaidé pour l'acquittement.