Le mystère qui entoure la mort de Yasser Arafat devrait être levé d’ici à la fin de l’année. Le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) vient de recevoir deux lettres de l’Autorité palestinienne, datées du 2 et du 8 août, que la rédaction TV de la RTS a pu consulter. Elles invitent les spécialistes lausannois à se rendre "au plus vite" à Ramallah pour examiner la dépouille de l'ancien leader palestinien, décédé à paris en novembre 2004.
"Pour nous c’est très clair: toute la correspondance que nous avons eue avec l’Autorité palestinienne montre qu’elle est prête à agir très rapidement, et de manière entièrement coopérative", indique Darcy Christen, porte-parole du CHUV.
Pavé dans la mare
Début juillet, la chaîne qatarie Al Jazira avait mandaté des experts du CHUV pour analyser des effets personnels de Yasser Arafat. Et des traces de polonium, substance radioactive mortelle, relançaient la thèse de l'empoisonnement.
Le Professeur François Bochud, directeur de l'institut de radiophysique du CHUV, appuie cette hypothèse: "Je dirais que si je prends un os au hasard dans un cimetière, la probabilité d’y mesurer du polonium est proche de zéro. Dans le cas de Yasser Arafat, si je devais donner une probabilité, je dirais qu’avec les mesures que nous avons effectuées, cette probabilité serait supérieure à 50%. Elle n’est certainement pas de 99%, mais elle dépasse les 50%."
Recherche de certitude
Pour en être certain, il convient désormais d'exhumer le corps de Yasser Arafat et de procéder à des analyses approfondies. Les experts du CHUV se tiennent prêts à partir pour Ramallah depuis deux semaines. Mais il leur manquait l'accord de la veuve de l'ancien leader palestinien.
C'est aujourd'hui chose faite. Souha Arafat a en effet donné son feu vert, a encore appris la RTS jeudi par l'intermédiaire de son avocat, Me Marc Bonnant. L'homme de loi genevois a précisé que c'est sa cliente "qui a voulu cette enquête, que c’est elle qui l’anime, que c’est elle qui la propulse, et la conséquence serait que nous irons à Ramallah. Il faudrait que nous puissions y arriver dans le mois qui va venir."
Le temps presse
Car le temps presse, la durée de vie du polonium étant limitée. S’ils parviennent à partir pour Ramallah dans les jours qui viennent, les experts du CHUV seront en mesure de communiquer des résultats d’ici à la fin de l’année. On saura alors de quoi est mort Yasser Arafat. Si c’est du polonium, resterait à déterminer qui l’a empoisonné. Une question autrement plus épineuse.
Marc Allgöwer et Ron Hochuli/gax
La thèse de l'empoisonnement
Le 3 juillet dernier, la chaîne qatarie Al Jazira avait annoncé qu'un laboratoire suisse aurait retrouvé des traces de polonium 210, une substance radioactive, sur les effets personnels de Yasser Arafat, relançant la thèse de l'empoisonnement. Mais le laboratoire a fait savoir que ces résultats ne permettaient pas de tirer des conclusions définitives et que seules des analyses des restes du défunt pourraient éclaircir le mystère.
Plainte de la veuve d'Arafat
Le 31 juillet dernier, la veuve de Yasser Arafat a porté plainte contre X pour assassinat en France, suite aux suspicions d'empoisonnement au polonium 210 du président de l'Autorité palestinienne mort le 11 novembre 2004 dans un hôpital près de Paris.
Diffusion du documentaire dimanche
Le documentaire à l'origine de la thèse de l'empoisonnement intitulé "Qu'est-ce qui a tué Yasser Arafat" sur AlJazira sera diffusé dimanche soir sur RTS Deux dans le cadre de l'émission Histoire vivante.