Les conditions matérielles de détention sont intolérables à la prison lausannoise du Bois-Mermet, selon la Commission nationale de prévention de la torture (CNPT). Elle recommande aux autorités de prendre rapidement des mesures pour remédier entre autres à la suroccupation des cellules.
Lors de la visite de la CNPT effectuée les 3 et 4 juillet 2012, la prison du Bois-Mermet qui compte 100 places accueillait 168 détenus, dont 35 détenus en exécution de peines.
Dans son rapport publié lundi, la commission relève que cet établissement vétuste n'a pas été conçu pour accueillir le double des effectifs. Elle contrevient aux normes fédérales en la matière, relève la CNPT dans son communiqué.
Une promiscuité difficile à gérer
Selon les informations récoltées par la Commission, il arriverait même que des détenus soient amenés à dormir sur un matelas au sol. La promiscuité qui en découle conduit à des tensions importantes entre détenus, difficilement gérables pour le personnel.
Autre point inadmissible selon la CNPT, des détenus passent parfois jusqu'à 27 heures d'affilée en cellule. Dans le but de soulager les tensions, la commission a notamment recommandé d'augmenter la durée quotidienne de la promenade et l'accès aux activités récréatives, en particulier durant les week-ends.
Le Conseil d'Etat refuse de suivre cette recommandation pour des motifs d'ordre sécuritaires, regrette la CNPT. Elle salue néanmoins les efforts continus de la direction et du personnel ainsi que l'offre d'un programme d'activité novateur et diversifié.
Risques pour l'hygiène
La mauvaise isolation thermique et ventilation, ainsi que les restrictions concernant l'accès au douches sont aussi pointées du doigt. Elles sont susceptibles de provoquer un problème d'hygiène croissant, dénonce la CNPT.
La Commission a finalement préconisé à l'établissement de se doter de directives claires en matière de sécurité renforcée, notamment en ce qui concerne la notification aux détenus de tout placement en sécurité renforcée. Elles ont été élaborées entretemps, se réjouit la CNPT.
ats/jgal
Des mesures urgentes recommandées
Dans son rapport, la CNPT a recommandé aux autorités de prendre des mesures urgentes permettant de revenir aux normes de 1905, à savoir un détenu par cellule de 9m2.
Dans ce sens, elle ne peut que saluer l'intention du Conseil d'Etat de mener prochainement une étude visant à l'assainissement voire au remplacement du bâtiment.
Néanmoins, d'autres mesures s'imposeront afin d'augmenter le nombre de places dans les établissements pénitentiaires vaudois, estime la Commission.
Une extension rapide devrait constituer une priorité absolue afin de garantir des conditions de détention conformes aux exigences d'un Etat de droit, souligne-t-elle.