Le Tribunal de police de Lausanne a acquitté vendredi le journaliste qui avait bénéficié de fuites dans l'enquête sur la mort de Skander Vogt. Dominique Botti avait publié des extraits de conversations entre la police et la prison qui contredisaient la version officielle.
"Nous sommes très contents, nous avons gagné sur toute la ligne. C'est une victoire pour la presse", s'est félicité Me Yves Burnand, défenseur du journaliste du "Matin", à l'issue du verdict. La décision du juge unique Thomas de Montvallon est en effet destinée à faire jurisprudence.
Intérêt public
Le jugement reprend largement l'argumentation développée par l'avocat: l'obligation de garder le secret de l'enquête ne s'appliquait pas en l'occurrence au journaliste. Et même si cela avait été le cas, la publication de ces bandes était "nécessaire et justifiée par un intérêt public prépondérant", a souligné le juge.
L'affaire était jugée par une quatrième instance: le procureur vaudois Jean Treccani avait classé l'affaire, déclarant le journaliste coupable mais l'exemptant de toute peine. Dominique Botti avait alors recouru au Tribunal cantonal, qui l'avait acquitté. Saisi à son tour, le Tribunal fédéral a cassé les deux décisions, demandant à une cour de première instance de trancher.
ats/rber
Rappel des faits
Détenu à Bochuz dans le quartier de haute sécurité, Skander Vogt est décédé dans la nuit du 10 au 11 mars 2010 après avoir mis le feu à son matelas.
Les gardiens ont attendu l'arrivée des forces spéciales (DARD) pour le sortir de sa cellule enfumée. Il s'est avéré après coup que le système de ventilation ne fonctionnait pas.
Les autorités ont d'abord assuré que tout s'était passé dans les règles cette nuit-là.
Révélées par le journaliste du Matin, les conversations entre les services pénitentiaires, la police et les urgences démentaient clairement ces affirmations.
Leur publication a débouché sur plusieurs enquêtes administratives, ainsi que sur une réorganisation du Service pénitentiaire vaudois et du quartier de haute sécurité.