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Le suspect a conduit les enquêteurs au corps de Marie

Drame de Fribourg: l'auteur suspecté du meurtre de Maria mène la police au corps de la jeune fille
Le suspect du meurtre de Marie mène la police au corps / 12h45 / 2 min. / le 15 mai 2013
Le corps sans vie retrouvé dans la nuit de mardi à mercredi est bien celui de Marie, la jeune fille enlevée lundi soir à Payerne. C'est le suspect qui a mené la police à cette découverte.

La police a confirmé que le corps sans vie retrouvé dans la nuit de mardi à mercredi dans une forêt entre Châtonnaye et Villarimboud (FR) est bien celui de Marie, la jeune fille portée disparue depuis lundi soir à Payerne.

Son ravisseur, un Broyard de 36 ans déjà condamné pour viol et assassinat, avait été arrêté mardi après-midi par la police fribourgeoise après une course-poursuite en voiture. Lors de son audition, il a avoué avoir enlevé la jeune fille sous la contrainte et a indiqué aux policiers où ils retrouveraient son corps.

Fuite et embardée

Lors d'une conférence de presse conjointe, les polices cantonales vaudoise et fribourgeoise ont donné des détails sur l'affaire. Après la découverte de la disparition de la jeune Marie, les policiers ont très rapidement pu identifier un suspect, a indiqué le porte-parole de la police vaudoise Jean-Christophe Sauterel. Mardi vers 13h, un hélicoptère a repéré le véhicule du suspect, qui a tenté de fuir la police.

Après une course-poursuite, l'homme a contourné un barrage et refusé d'obtempérer aux injonctions des agents. Un policier a tiré un coup de feu afin de contraindre le conducteur à l'arrêter. L'homme a fait une embardée et sa voiture s'est renversée. Il a été légèrement contusionné.

Le suspect a reconnu les faits

Entendu par la police, l'homme a rapidement reconnu avoir contraint Marie à entrer dans son véhicule à la sortie de son travail au Golf de Payerne et l'avoir maîtrisée au moyen de scotch. Il a ensuite indiqué aux agents qu'il allait leur montrer les lieux du drame, en précisant qu'ils y trouveraient le corps de Marie. Les policiers se sont rendus sur place et ont retrouvé un cadavre, mardi vers 3h du matin.

L'identification a permis de confirmer que le corps était bien celui de Marie, a encore précisé la police. La famille de la jeune fille a été informée.

Tous les intervenants à la conférence de presse ont ensuite fait part de leur grande tristesse. "Je suis un procureur mais je suis aussi un être humain. Je ressens une grande émotion", a indiqué le magistrat vaudois Eric Cottier. Les deux conseillères d'Etat vaudoises Jacqueline De Quattro et Béatrice Métraux ont aussi fait part de leur solidarité.

Les zones d'ombre

Le bracelet électronique que portait le suspect n'était pas équipé d'un GPS. En Suisse pour l'instant, ces bracelets permettent seulement de déterminer si le condamné se trouve dans un périmètre autorisé. Or lors de l'enlèvement de Marie, le suspect était dans un rayon autorisé.

Le Broyard était en arrêts domiciliaires, après avoir purgé les deux tiers de sa peine de 20 ans de réclusion. "Il faudra qu'on nous explique tout de même comment un prédateur sexuel peut se retrouver dans la nature", a indiqué Jacqueline De Quattro. Sa collègue Béatrice Métraux a précisé que "la justice devra s'expliquer sur les décisions prises à propos de cet homme".

L'enquête se poursuit pour déterminer avec précision les circonstances exactes du drame et les causes exactes du décès. La complicité d'un tiers semble pour l'instant exclue et la police a exclu l'utilisation d'une arme blanche ou d'une arme à feu. Le ravisseur s'est servi de scotch pour maîtriser sa victime, mais la police n'a rien dit de plus sur ses mobiles ou ses explications.

Arrêts domiciliaires

En 1998, à 22 ans, il s'en était pris à sa petite amie de l'époque, qu'il avait enlevée, violée, séquestrée et tuée. Condamné à 20 ans de réclusion, il était en arrêts domiciliaires.

Le 15 mai 2011, l'homme avait purgé les deux tiers de sa peine. Il aurait pu bénéficier, en cas de pronostic favorable, d'une libération conditionnelle. Mais le 3 juillet 2012, le collège des juges d'application des peines a refusé cette libération conditionnelle. Le 16 août 2012, l'Office d'exécution des peines a décidé que le reste de la peine pouvait s'effectuer sous forme d'arrêts domiciliaires.

La Fondation vaudoise de probation avait demandé d'interrompre ces arrêts domiciliaires, mais l'intéressé avait recouru en décembre et obtenu un effet suspensif. Une décision était attendue sur le fond.

Cécile Rais/agences

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La conférence de presse minute par minute

Profil d'un récidiviste

Par le passé, le ravisseur avait déjà fait parler de lui dans l'affaire du crime de La Lécherette (VD), du nom de l'endroit où il avait séquestré son amie dans un chalet. Au procès, en juin 2000 devant le Tribunal du Pays d'Enhaut, ce jeune vendeur en informatique avait expliqué qu'il ne supportait pas d'être quitté et voulait que son amie revienne.

Le meurtrier avait attendu la jeune femme à la sortie de son immeuble, et, sous la menace d'une arme de poing, l'avait contrainte à l'accompagner à La Lécherette. Séquestrée toute une matinée, elle avait tenté de se défendre en utilisant du spray au poivre. Le jeune homme avait alors tiré cinq coups de feu.

Le jeune homme est un "bourreau" "méchant et acharné", avaient estimé les juges de l'époque. Il a persécuté sa victime durant des mois, il s'en est pris à son psychisme, à son intégrité physique et enfin à son existence. Il n'avait échappé à la réclusion à vie qu'en raison de son jeune âge.