"Tout le temps que j'ai passé en prison, j'avais l'impression qu'on cherchait des preuves contre moi et qu'on ne cherchait pas plus loin que ça. Et c'est ce que mes avocats ont souvent dénoncé. Je suis aussi content de voir que c'est l'impression qu'a eue l'auteur du livre en examinant à tête reposée l'ensemble du dossier", a réagi Laurent Ségalat lors d'une interview accordée à la RTS.
Il évoquait un livre qui sort vendredi et qui éclaire le travail de la justice vaudoise sous un jour peu reluisant.
Son auteur, le journaliste français Ian Hamel ("L'affaire Ségalat ou la présomption de culpabilité", Editions du Belvédère), a repris les pièces du dossier et interviewé longuement certains protagonistes, dont Laurent Ségalat. Son constat est celui d'une machine infernale qui s'est mise en marche dès la découverte du corps sans vie de Catherine Ségalat.
Autres pistes négligées
Le généticien français a aussi confié que ses avocats lui ont dit qu'il était "un mauvais client pour la justice".
Pour l'auteur, la police puis la justice vaudoises avaient un suspect et ont insuffisamment exploré les pistes de l'accident, ou d'une agression par des voleurs ou des adversaires politiques de Catherine Ségalat.
Malgré les vaines protestations de la défense, les enquêteurs maintiennent par exemple la thèse du nettoyage des lieux du drame au moyen d'eau de javel, ou l'utilisation d'un marteau, deux éléments pourtant jamais démontrés.
Les juges fédéraux doivent se pencher sur le recours de Laurent Ségalat probablement ces prochains mois.
Laurent Dufour
Rappel des faits
Le 9 janvier 2010, la municipale de Vaux-sur-Morges Catherine Ségalat est retrouvée sans vie au pied des escaliers de sa villa par son beau-fils Laurent.
Après une longue tentative de réanimation, il appelle les secours. Accident ou homicide? Très vite, les enquêteurs soupçonnent ce généticien français de renom, chercheur au CNRS.
Le 1er juin 2012, Laurent Ségalat est acquitté en première instance par le Tribunal de la Côte, faute d'aveux et de preuve déterminante. Mais le Procureur Général, convaincu de sa culpabilité, fait appel.
Et sur la base du même dossiers, le Tribunal cantonal vaudois le condamne à 16 ans de réclusion le 30 novembre 2012.
Le jour du verdict, Laurent Ségalat ne se présente pas. Il échappe ainsi à la prison en restant chez lui, en France, qui n'extrade pas ses ressortissants.
Le généticien et ses avocats recourent au Tribunal fédéral, qui doit encore se prononcer.
La réaction du procureur général
Contacté par la RTS, le procureur général du canton de Vaud Eric Cottier a indiqué que "contrairement à un prévenu qui fait tout pour influencer l'opinion (...), le procureur général ne souhaite pas s'exprimer publiquement avant que l'instance suprême ait tranché son recours".
Dans ses réquisitoires, il avait contesté le manque de recherche d'autres hypothèses. Pour lui, l'enquête n'a pas indiqué l'ébauche d'une autre piste.