La prochaine séance, en mars prochain, des chefs des département romands en charge de l'asile promet d'être houleuse. Depuis plusieurs semaines, Genève, Fribourg et Neuchâtel, en accord avec le Valais et le Jura, sont prêts à contribuer à la grande réforme de l'asile dessinée par le Conseil fédéral.
Processus bloqué dans l'attente de solution vaudoise
D'après plusieurs sources concordantes, un centre de procédures est accepté par le canton de Neuchâtel à Perreux, tandis que trois centres de départ verront le jour à Grand-Saconnex (Genève), Chevrilles (Fribourg) et Vallorbe (Vaud).
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Mais la commune vaudoise de Vallorbe - qui pourtant accueille déjà un centre fédéral pour requérants - met les pieds au mur et pousse les autorités cantonales à chercher des alternatives. Résultat: tout le projet fédéral est retardé, ce qui exaspère plusieurs conseillers d'Etat romands. D'autres interlocuteurs évoquent même "un manque de solidarité intercantonale" ou "une certaine mauvaise volonté", en guise de reproche aux Vaudois.
Forcer Vallorbe à accepter un centre de départ?
Pour rappel, Vallorbe devait initialement conserver un centre de procédure complémentaire à celui de Perreux, mais la solution a été écartée car trop onéreuse. Vaud a alors proposé le cantonnement militaire de Dailly (lire: La planification des centres fédéraux d'asile piétine en terres vaudoises), mais la Confédération aurait refusé.
Dès lors, le canton de Vaud doit maintenant se résoudre à faire de Vallorbe un centre de départ, quitte à fâcher la commune. Une solution jugée comme la plus simple, étant donné que Vallorbe a l'habitude des requérants, insiste une de nos sources.
Le silence de Philippe Leuba
S'il est difficile de prédire si ce scénario pourrait se concrétiser, personne ne comprend pourquoi le conseiller d'Etat Philippe Leuba, en charge de ce dossier, se range derrière la commune. L'élu PLR a refusé de répondre aux questions de la RTS. Mais en pleine élections communales, on l'imagine mal tordre le bras d'une commune avec à sa tête un syndic du même parti politique.
Un ultimatum de la Confédération ou des autres cantons paraît pour sa part peu vraisemblable. Si les communes concernées et les Etats veulent communiquer afin d’expliquer le dispositif à venir à l’opinion publique, tous veulent annoncer une solution 100% romande, volet vaudois inclus. Cette tactique permettrait de mieux faire passer la pilule, car si les Vaudois résistent, les autres cantons romands se verront reprocher par leur population de ne pas avoir fait de même.
De son côté le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), qui pilote ce dossier, promet de communiquer quand les cantons et les communes impliquées se seront accordés.
Marc Menichini/jzim