"Nous vendons notre force de travail, nous nous efforçons de vivre décemment de cette vente et aujourd'hui le type de politique qui est poursuivie, c'est le privilège donné au coût du capital et l'attaque portée au salaire et aux prestations qu'il permet, et ça n'est pas possible", a défendu lundi Aristides Pedraza sur les ondes de la RTS.
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Si le tandem Pascal Broulis et Pierre-Yves Maillard est salué par beaucoup pour sa recherche de compromis, il ne convainc pas le membre du Secrétariat fédéral du syndicat SUD. "Ce tandem est porteur d'un compromis, comme diraient nos amis italiens d'il y a longtemps, d'un compromis historique qui est objectivement défavorable aux salariés, aux couches populaires, aux gens les plus modestes de ce canton."
Aristides Pedraza regrette les faibles compensations proposées par le Conseil d'Etat, qui permettront d'aider à financer des mesures sociales renforcées. "On peut tirer beaucoup plus que ce que nous donne le Gouvernement, mais il faut tous tirer à la même corde, ne pas se précipiter sur le premier avantage que le Gouvernement fait miroiter à l'un ou à l'autre."
"Les multinationales ne partiront pas"
"Sur le fond, je crois qu'on ne peut qu'être contents que les privilèges énormes des multinationales soient abolis, mais la question n'est pas celle-là. On fait 520 millions de cadeaux fiscaux par an à une minorité d'entreprises contre des contreparties qui sont insuffisantes et qui ne sont pas nouvelles!"
Le canton de Vaud a décidé d'anticiper la question de la RIE III, actuellement en discussion au Parlement. Soumis aux Vaudois le 20 mars prochain, via un référendum déposé par la gauche de la gauche, le projet des autorités cantonales prévoit un taux d'imposition unique de 13,79% sur le bénéfice de toutes les entreprises, qu'il s'agisse de multinationales ou de PME.
Aristides Pedraza reste convaincu que les multinationales, même sans cadeaux fiscaux, ne quitteront pas l'Arc lémanique. "Les multinationales ne partiront pas parce qu'elles doivent payer un petit peu plus, d'autant plus qu'on prévoit de les faire payer le minimum dans le débat fédéral. Les multinationales trouvent ici de l'infrastructure, de la main-d'oeuvre, de la sécurité, elles ne partiront pas pour quelques dizaines de millions, ce n'est pas vrai."
lgr
Une réforme de poids
Cette réforme adoptée par le Grand Conseil vaudois en septembre prévoit une baisse du taux d'imposition des entreprises de 22,8% à 13,79% en 2019, ce qui signifiera la fin des statuts fiscaux spéciaux pour environ 220 entreprises étrangères.
Le Conseil d’Etat annonce des pertes fiscales de 442 millions pour le Canton et les communes.
En parallèle, des mesures seront introduites pour améliorer le pouvoir d'achat des familles, dans l'accueil de jour, les primes maladie et les allocations familiales.
Des effets pour toute la Suisse
Sous la pression internationale, la Confédération a prévu d'abolir les statuts fiscaux spéciaux des sociétés étrangères dans sa troisième réforme de l’imposition des entreprises. Elle devrait entrer en vigueur à l’horizon de 2019.
Le gouvernement vaudois a décidé d'anticiper la réforme par souci de stabilité, car 25'000 emplois dépendent des entreprises étrangères, selon le Conseil d'Etat.