L'Arc lémanique connaît un véritable boom démographique et urbanistique. Sa population a bondi de plus de 20% ces quinze dernières années. Aujourd'hui, un Suisse sur sept vit le long du bassin lémanique. Si bien que Lausanne et Genève semblent ne former qu’une seule agglomération, estime Philippe Pidoux, invité du grand entretien de Forum dimanche.
Alors faut-il relancer l’idée d’une fusion entre les cantons de Vaud et de Genève? Philippe Pidoux, conseiller d’Etat radical vaudois de 1986 à 1994 et auteur en 1997 de l’initiative populaire "pour une fusion entre Vaud et Genève", estime que cette union est toujours actuelle. "Elle se réalisera d'une manière ou d’une autre",
"Dans la vie, il faut toujours avoir une vision"
Si l’avocat lausannois reconnaît l’échec cuisant de son initiative en 2002 - près de 80% des Genevois et des Vaudois avaient alors refusé le projet - il souligne néanmoins que son idée avait quelque chose de visionnaire: "Il y a 20 ans, c’était difficile de reconnaître qu’une agglomération se mettait en place entre Genève et Lausanne. Or, nous avons vu que quelque chose se passait. Dans la vie, il faut toujours avoir une vision."
Pour l’ancien magistrat, il est donc temps que l’Etat s’adapte à la réalité des citoyens : "La question est: est-ce que c’est le citoyen qui est à la tête des besoins de la communauté ou est-ce que c’est l’organisation qui doit être mise en priorité. Pour moi, c’est à l’organisation publique de s'adapter pour répondre aux besoins des citoyens. Et ce n’est pas aux citoyens de faire plaisir à l'administration des cantons."
"Berlin aussi était séparée en deux autrefois… "
Philippe Pidoux constate qu'une métropole lémanique s’est mise en place entre Lausanne et Genève. "Une métropole verte qui ressemble à Berlin, une ville qui fait aussi environ 60 km2. Or, Berlin aussi était séparée en deux autrefois… ", sourit-il.
Pas question pour autant de toucher aux identités des citoyens. "Genève-Servette restera Genève-Servette et Lausanne-Sport restera Lausanne-Sport, dit l’ancien conseiller d’Etat. Reste que, pour lui, "on ne peut plus tout faire lorsqu'il s’agit de répartir les ressources. Il faut donc choisir. Et commander c’est choisir."
"Accepter le changement et sortir de son cocon"
Lorsqu'on lui soumet le fait qu’aucune personnalité politique, ou presque, ne soutient ce type de grand projet actuellement, l’ancien conseiller national répond : "Ce n’est pas très populaire". Mais pour lui, il est temps "d’accepter le changement et de sortir de son cocon."
"Il faut changer quand on peut, pas quand on est forcé de le faire. Ça c’est l’intelligence", conclut Philippe Pidoux.
Nadine Haltiner