A la Maternité du CHUV, les plateaux repas sont désormais servis dans une salle à manger dédiée, comme l'a annoncé 24 heures vendredi.
Les papas y sont admis, mais pas les enfants ou les nouveaux-nés. Ces derniers sont donc confiés à la pouponnière le temps du repas.
Parmi les raisons invoquées: mobiliser davantage les femmes. "L'accouchement n'est pas une maladie", affirme Valérie Avignon, sage-femme et cheffe de projet. "Et la recherche récente montre qu'il n'y a aucune indication à garder le lit en post-partum. Au contraire, on diminue ainsi le risque de thrombose."
Encourager les contacts
Autre but: permettre aux femmes de socialiser autour d'un repas. La mesure est en cours uniquement au 5e l'étage, celui de la division commune. En division privée, les repas continuent à être servis en chambre, par manque de place pour un réfectoire.
La mesure, précise encore Valérie Avignon, n'a aucun but d'économie. Des exception sont prévues en cas de raisons médicales ou psychologiques.
kkub
Critiques sur l'aspect "physiologique"
S'il s'agit d'une première en Suisse, les repas en salle à manger du CHUV sont toutefois loin de faire l'unanimité.
"C'est une décision pour le moins surprenante", réagit Laurence Juillerat, co-présidente de la Fédération suisse des sages-femmes section VD/NE/JU, qui peine à voir le côté positif de cette mesure au niveau physiologique.
"On le voit au niveau de la rééducation, les femmes qui viennent d'accoucher ont besoin d'être beaucoup à l'horizontale. Elles sortent de l'hôpital de plus en plus tôt, portent des charges qu'elles ne devraient pas", estime Laurence Juillerat, qui souligne également l'aspect "crucial" des premiers jours pour une saine remise en place des organes, et le caractère "extrêmement inconfortable" de la position assise pour certaines mamans.
La séparation avec le bébé mise en question
Autre sujet de critique, la séparation de la mère et de l'enfant. "Certaines mamans n'y verront pas d'inconvénients, mais de manière générale, on fait tout pour encourager et solidifier le lien à ce stade très précoce", affirme Laurence Juillerat, qui voit dans cette mesure un "retour en arrière".
"Malheureusement, le manque de places dans le réfectoire - 18 pour 26 lits - ne permet pas d'amener les petits lits", explique du côté du CHUV Pascale Gerdy, infirmière-cheffe de service et responsable du post-natal.
Si une mère refuse la séparation, une discussion est entamée, "et des arguments convaincants sont nécessaires pour motiver une exception", confirme Valérie Avignon.