L'évaluation faite pendant une année montre que cette nouvelle unité a pu prendre en charge de nombreuses personnes arrivées aux urgences. "Mais les situations, comme on le craignait un peu, sont plus graves que prévu et notre unité, qui est faiblement médicalisée, ne permet pas d'admettre les patients qui arrivent aux urgences avec des alcoolisations aigües", relate Jean-Bernard Daeppen, chef du service d’alcoologie au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV).
Cette première année a également permis de constater que les personnes admises étaient âgées de plus de 30 ans avec des problèmes d'alcool importants. Concernant les patients plus jeunes, "ce n'est pas juste des jeunes qui vont très bien et qui ont bu un verre de trop", souligne Jean-Bernard Daeppen. "Ce sont des jeunes qui ont des problèmes d'alcool souvent plus importants que juste un verre de trop. Ils sont en situation psycho-sociale difficile."
"Vers un système plus nuancé"
Quant à la question de savoir si c'est au CHUV d'assurer la prise en charge de ces malades, le chef du service d'alcoologie est catégorique. "La dépendance à l'alcool est une maladie et le CHUV est un hôpital; où prendre en charge ailleurs que dans un hôpital des gens qui ont une maladie aussi sévère que celle là?"
Les modifications apportées au terme de cette première année d'existence permettront la mise en place d'un "système plus nuancé pour des personnes qui vont passer trois, quatre jours dans l'unité pour être sevrées et pour initier un traitement". Jean-Bernard Daeppen ajoute que "l'alcoolisation aiguë aux urgences permet de mettre en place des traitements au long cours."
"Chaque week-end, une moyenne de 6 ou 7 personnes alcoolisées aux urgences"
L'objectif de cette unité de dégrisement demeure de soulager les urgences, en répondant aux besoins spécifiques de ces personnes alcoolo-dépendantes, soit 25 à 30% de la population. "Le but est de faire face au fait que chaque week-end, quand on arrive le matin aux urgences, il y a en moyenne 6 ou 7 personnes qui sont là parce qu'elles sont alcoolisées."
Adrien Krause/lgr