Les pouvoirs publics ont soutenu doublement la PME locale aux ambitions planétaires. Le canton lui a octroyé un prêt d'un demi-million de francs, alors que la commune a offert plus d'un million à cette entreprise phare du développement de son aéroport. Ce coup de pouce à S3 et son projet de satellites "low cost" est resté très discret jusqu'ici, comme le montre l'enquête de la RTS.
Tout s'est enchaîné au printemps 2015. La startup était alors déjà en grandes difficultés et ses employés n'étaient plus payés. Mais un investisseur miracle devait injecter 12 millions de francs. La commune de Payerne a alors accepté de faire le joint en renonçant à un acompte de 1,1 million de francs qui lui revenait sur un contrat de vente de terrain passé avec S3 et destiné à servir de base de lancement aux satellites.
"Une aide à une startup payernoise"
La syndique Christelle Luisier peine à reconnaître qu'il s'agit bien d'un cadeau de Payerne à la société, même si la commune a renoncé au montant déposé chez un notaire. "Ce que je constate, c'est qu'on a souhaité faire une aide à une startup. Elle était liée à un acompte sur un terrain qui aujourd'hui nous appartient toujours", dit-elle. Pour la syndique, qui se dit confiante en l'essor du projet d’Aéropole avec ou sans S3, l'essentiel est que ce terrain pourra être proposé à d'autres entreprises à l’avenir.
Ce million a servi à payer une partie des salaires impayés en 2015, tout comme le prêt de 500'000 francs du Conseil d'Etat. Mais ces aides publiques, distribuées entre avril et août 2015, n'ont pas empêché que la société se sépare de tous ses employés à fin octobre.
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"Permettre aux familles de boucler leur mois"
Le ministre vaudois de l'Economie refuse toutefois de parler d'échec: "Le Conseil d'Etat, en toute connaissance de cause, a pris la décision d'allouer un prêt de 500'000 francs pour payer les salaires afin de permettre à ces familles de boucler leur mois et de permettre aux actionnaires et à la direction de S3 de trouver de nouveaux bailleurs de fonds", explique Philippe Leuba.
Le patron de S3 Pascal Jaussi, de son côté, n'a pas cessé de chercher des investisseurs. Mais une année s'est écoulée et cet argent frais n'est toujours pas là. L'investisseur miracle qui devait mettre 12 millions de francs en 2015 est en fait le même qui refait parler de lui aujourd'hui pour un apport de 30 millions de dollars.
Mais Philippe Leuba refuse de s'avancer sur la probabilité de voir S3 rembourser le demi-million prêté en 2015. C'est à la justice civile de décider - dans les jours ou semaines à venir - si la société a encore une chance ou non.
Ludovic Rocchi/oang