La mort récente de L'Hebdo ou les restructurations au sein des rédactions de 24 heures et de la Tribune de Genève inquiètent les politiques, mais l'idée d'un Etat volant au secours des médias suscite une certaine méfiance. Valérie Induni, députée socialiste à l'origine du postulat, entend les critiques liées au risque de perte d'indépendance. Elle en est consciente: sa proposition brise un tabou. "Peut-on laisser tomber les médias et prendre le risque qu'ils disparaissent à petit feu simplement parce qu'on pense qu'ils sont plus indépendants sans aide directe ou indirecte de l'Etat?", s'interroge-t-elle.
Possible d'assurer une presse indépendante
La députée songe à différentes aides possibles, et pas forcément une aide directe aux médias. "Il peut y avoir des idées autour de la formation de journalistes, au niveau des imprimeries, tout un tas de possibilités qui permettent ensuite de garantir tout de même l'indépendance de la presse par rapport au pouvoir politique".
Mais cette argumentation peine à convaincre certains élus. Pour Marc-Olivier Buffat, président du groupe PLR, la question de l'indépendance n'est pas le seul problème. Instaurer un subventionnement étatique créerait un précédent: "Cela voudrait dire que, dès qu'un journal a des difficultés, son propriétaire va s'en dessaisir en disant que ceux qui veulent soutenir ce journal s'en occuperont"
Nécessaire coordination romande?
Le libéral-radical propose plutôt une intervention coordonnée sur le plan romand, en associant peut-être les autres cantons pour créer des conditions cadres pour le développement des médias. "Mais on doit voir l'avenir et pas des méthodes qui constituent à subventionner comment et à quel taux", estime-t-il.
Cette solution pragmatique est cependant insuffisante, jugent plusieurs députés, car l'argent est le nerf de la guerre. Les divisions sont donc profondes et il n'est pas sûr, au final, que le salut des médias vienne du politique.
Michael Peuker/oang