Avec plus de 14'100 suffrages obtenus lors du premier tour, Toto Morand a créé la surprise. A la tête de son Parti de rien, le Lausannois, propriétaire de magasins de chaussures, est devenu le premier des "petits candidats", devant des responsables au parcours politique déjà long.
Toto Morand compte mettre en exergue les mêmes thématiques que lors du premier tour: soutien aux petites structures commerciales, à l'agriculture locale et au bio et, surtout, remise en question de la croissance du canton de Vaud qu'il juge artificielle et sans limites.
Interrogé lundi par l'ats, Toto Morand indique avoir été contacté de part et d'autre pour des alliances ou pour qu'il se retire.
Deux sièges convoités
Reste à savoir quelle stratégie adopteront les autres partis pour conquérir les deux places encore disponibles au Conseil d'Etat après l'élection de cinq sortants dès le 1er tour dimanche (les PLR Pascal Broulis, Philippe Leuba et Jacqueline de Quattro, ainsi que les socialistes Pierre-Yves Maillard et Nuria Gorrite).
La Verte Béatrice Métraux et la socialiste Cesla Amarelle, arrivées 6e et 7e avec respectivement 48,08% et 43,56% des voix, partiront favorites le 21 mai, alors que le sort de l'UDC Jacques Nicolet, 8e avec 40,34%, réside dans sa capacité à récolter des voix au-delà de son parti.
On en saura davantage en soirée, à l'issue des réunions de l'UDC, du PLR et des Vert'libéraux.
Alliance UDC-PLR-Vert'libéraux?
Interrogé dans le Journal du matin de la RTS lundi, l'historien Olivier Meuwly, spécialiste du PLR, estime que ce deuxième tour est un retour au point de départ: "L'alliance PLR-Vert'libéraux-UDC avait été évoquée, mais refusée par l'UDC. Aujourd'hui, chaque parti est derrière sa calculette et examine les hypothèses possibles."
L'idée de voir la Vert'libérale Isabelle Chevalley se lancer est en effet avancée par certains. Réunir Jacques Nicolet et Isabelle Chevalley sur une même liste pourrait être un moyen de remobiliser l'électorat PLR, avance le chercheur. "L'UDC aurait dû prendre ce risque depuis le début", estime-t-il toutefois.
Selon une information de l'émission Forum lundi, la direction de l'UDC serait prête à envisager une alliance, même avec Isabelle Chevalley, un pari risqué dans lequel Jacques Nicolet pourrait laisser des plumes.
"Remobiliser les électeurs UDC et PLR"
"L'objectif est de remobiliser les électeurs UDC et PLR pour le second tour", a affirmé lundi le secrétaire général de l'UDC Kevin Grangier, sans confirmer pour autant une possible alliance avec les Vert'libéraux.
Pour Michaël Dupertuis, secrétaire général des Vert'libéraux, son parti se retrouve avec Jacques Nicolet sur le oui à la stratégie énergétique (le candidat la soutient, en porte-à-faux avec son parti, ndlr.), mais surtout sur la baisse de l'impôt sur les personnes physiques.
Un rapprochement de l'UDC et des Vert'libéraux sonnerait la fin de l'étiquette "écologiste" de cette dernière formation, estime quant à lui Alberto Mocchi, président des Verts. "Autant s'appeler Opportunistes'libéraux", assène-t-il.
Peut-être une candidate PDC
A gauche, la stratégie s'impose d'elle-même, a relevé le président des socialistes Stéphane Montangero. Verts et PS présenteront une liste commune avec Cesla Amarelle et Béatrice Métraux.
L'Alliance du centre devrait lancer Sylvie Villa (PDC), la meilleure de ses deux candidats du premier tour, afin de profiler quelqu'un du centre. Avec 7,23% des voix, la candidate a obtenu plus de voix que le seuil des 6% que le parti s'était fixé.
La gauche de la gauche ne devrait pas se maintenir au second tour. A titre personnel, Hadrien Buclin (solidaritéS) indique qu'il ne souhaite pas se représenter afin de ne pas faire le jeu de l'UDC.
kkub/lan avec ats
Peu d'outsiders en dehors des grands blocs
Les résultats de l'élection au Grand Conseil se situent grosso modo dans la continuité les tendances enregistrées en 2015 lors des élections fédérales, note Olivier Meuwly.
"Ce qu'on remarque également, c'est le principe des vases communicants, à gauche comme à droite: si les Verts perdent des voix, elles sont récupérées par exemple par le PS, ou vice-versa. Pareil chez les partis de droite."
>> Ecouter également l'analyse du journal de 12h30:
"Les propositions de Toto Morand doivent être prises en compte par les autres partis"
Pour expliquer le bon résultat du candidat indépendant Toto Morand et son Parti de rien (9%), Olivier Meuwly invoque le manque de concurrence: "L'électorat protestataire n'avait pas beaucoup de choix. Contrairement à 2012, il y avait peu d'outsiders en dehors des grands blocs, ce qui a profité à Toto Morand."
Pour l'historien, les propositions de Toto Morand doivent dorénavant être entendues par les autres partis. Son électorat, difficile à qualifier, verra ses voix extrêmement disséminées au deuxième tour, prédit-il.