Le nouvel établissement propose aux futurs pasteurs et diacres de Suisse romande une formation qui se veut plus professionnalisante et confessante que le cursus universitaire habituel.
Pour Michel Siegrist, enseignant à la Haute école de théologie de Saint-Légier (HetPro) interrogé lundi dans le 19h30 de la RTS, "la réalité du pasteur est très concrète et pratique. Finalement, il fait de la gestion humaine sans arrêt et donc juste apprendre le biblique, la théologie ça donne les valeurs, mais il a besoin de ces outils pour savoir comment je vis, comment j’incarne ces valeurs concrètement dans mon église".
La majorité des 80 étudiants qui ont choisi de se former à Saint-Légier sont d'obédience évangélique, mais un petit 10% d'entre eux sont issus des milieux protestants "traditionnels". A leurs yeux, le plus que leur offre la HEtPro, c'est la possibilité de "vivre leur foi", car les moments de prière font partie intégrante du programme, contrairement à la formation universitaire.
Distance critique
Les églises réformées romandes, elles, tiennent beaucoup à ce que leurs pasteurs soient formés en faculté de théologie, comme le souligne Line Dépraz, membre du conseil synodal des églises réformées vaudoises: "Il faut une formation académique qui nous confronte, qui nous mette en lien avec d’autres formations, psychologie, sociologie, histoire pour pouvoir en débattre et pour pouvoir ensemble contribuer au bien commun".
Une distance critique par rapport à la tradition chrétienne, que défend le professeur de théologie Simon Butticaz, de l'Université de Lausanne: "Ça évite le piège du fondamentalisme, c’est-à-dire de pouvoir tirer de la bible des extraits non contextualisés, sortis de leur époque pour les invoquer, les convoquer dans des débats d’aujourd’hui alors que peut être ou que bien souvent ils disent autre chose."
Mais au-delà de ces divergences, les églises réformées romandes ont besoin d’une dizaine de nouveaux pasteurs chaque année. La HETPro se donne 5 ans pour être reconnue par la Confédération et participer ainsi à la formation de la relève.
Fanny Zuercher