"Mon enquête bat son plein et est appelée à durer", prévient Raphaël Bourquin, le procureur fribourgeois chargé du dossier. Il se refuse à entrer dans les détails, mais il confirme que le volet financier retient désormais toute son attention. Il s'agit de savoir si la société aérospatiale S3 a été gérée de manière fautive. Des faux dans les titres sont évoqués, mais aussi des flux d'argent suspects.
Pour rappel, Pascal Jaussi s'était dit victime d'une rocambolesque agression en août 2016, près de chez lui, dans la forêt d'Aumont (FR). L'enquête s'est retournée contre le patron de la start-up, qui s'est retrouvé accusé d'avoir mis en scène son agression.
Un trou financier de 27 millions
Les déboires financiers de sa société le rattrapent désormais. Ses plus fidèles soutiens se retournent contre lui et figurent parmi les plaignants. C'est le cas notamment de l'homme d'affaires vaudois Philippe Petitpierre, qui a perdu près de 1,5 million de francs. Un ancien cadre de S3 fait aussi partie des plaignants.
Il s'agit notamment de savoir si des faux ont été utilisés dans une ultime tentative d'éviter la faillite. Le trou financier pourrait avoisiner 30 millions de francs, selon la RTS. Il y a environ 7 millions de francs d'impayés à l'Office des faillites du Nord vaudois, qui liquide les sociétés de la holding basée à Payerne, faute d'actifs. Mais en quatre ans d'existence, S3 a dépensé près de 20 millions de francs, autant de prêts et d'avances qui ne seront jamais remboursés.
Jacques Barillon pour assurer la défense
En plus de vouloir lancer des satellites low-cost, S3 avait vendu des billets pour des vols en apesanteur. Là aussi, il y a peu d'espoir de remboursement. Plusieurs plaintes pour escroquerie et publicité mensongère ont été déposées par des détenteurs de billets vendus plusieurs milliers de francs.
De son côté, Pascal Jaussi nie toute faute. Pour sa défense, il s'est adjoint les services d'un nouvel avocat, le Genevois Jacques Barillon, qui se refuse à tout commentaire.
Ludovic Rocchi/lgr