L'initiative "Pour le remboursement des soins dentaires" a été lancée en 2014 par le Parti ouvrier populaire (POP) et Solidarités. Elle a récolté plus de 15'000 signatures. Le Conseil d'Etat lui a opposé un contre-projet qui n'a pas obtenu de consensus au Grand Conseil.
Seul le texte de la gauche radicale est donc soumis au vote, sous forme d'un nouvel article constitutionnel. Il est soutenu par la majorité de gauche du Conseil d'Etat, les Verts, le PS et le PDC, les syndicats et diverses associations. En cas d'acceptation, le gouvernement présentera un projet de loi au Grand Conseil, qui précisera les contours exacts de l'assurance et les prestations qu'elle couvrira.
15 à 20 francs par mois
Fondé sur la solidarité, le projet s'inspire du modèle de l'AVS: les employeurs et les salariés seront mis à contribution de manière paritaire, chacun entre 0,4% et 1%, estiment les initiants. L'accès aux soins dentaires sera garanti pour tous, alors qu'aujourd'hui 10% de la population renonce au dentiste faute de moyens. La prévention sera renforcée, conclut le comité d'initiative, qui table sur un coût annuel de 300 millions de francs.
Selon le scénario esquissé par le conseiller d'Etat en charge de la Santé Pierre-Yves Maillard, la prime mensuelle se monterait entre 15 et 20 francs par mois pour un salaire vaudois médian de 5900 francs. S'y ajouterait une franchise de 100 francs pour les enfants et de 300 francs pour les adultes. Des pistes que le Grand Conseil pourra modifier en cas de oui.
Plus de 130 médecins et 110 professionnels de la santé ont d'ores et déjà signé un appel en faveur de l'initiative. Ils soutiennent que des soins bucco-dentaires dès le début de la vie permettent à long terme une amélioration de la santé générale.
Payer trois fois
"Souriez, vous êtes taxés," rétorquent les opposants, PLR, UDC, Vert'libéraux, dentistes et organisations économiques. Dans une campagne tendue, ils dénoncent une assurance chère et trompeuse, affirmant que 70’000 personnes sont déjà au bénéfice d’aide pour leurs soins dentaires.
Et 90% des citoyens devraient payer trois fois une assurance dentaire de base ne couvrant ni frais d’orthodontie, ni couronnes, ni implants dentaires: sur leur salaire, sur leurs impôts et enfin de leur poche, sous la forme d’une franchise allant jusqu’à 800 francs par an pour une famille de quatre personnes.
Pour la Société vaudoise des médecins-dentistes, il s'agit d'une fausse bonne idée. Le canton mettrait le doigt dans un engrenage qui pourrait mener à une explosion de la demande et des coûts.
ats/boi
Vaud en pionnier?
Si l'initiative est acceptée le 4 mars, le canton de Vaud sera pionnier en Suisse. Des textes similaires ont été déposés dans les cantons de Genève, Neuchâtel, du Valais et du Tessin.