Alors qu'en 2016, Vallorbe et le canton de Vaud étaient montés aux barricades contre les intentions de Berne, le ton est aujourd'hui complètement adouci. "Nous sommes satisfaits de la solution trouvée et nous remercions la Confédération et le canton", a déclaré jeudi Stéphane Costantini.
Le syndic de Vallorbe a présenté à la presse aux côtés du conseiller d'Etat vaudois Philippe Leuba et de Mario Gattiker, secrétaire d'Etat aux migrations, l'issue du bras-de-fer. Depuis 18 ans, la commune de 3900 habitants accueille des requérants, ce qui "n'a pas toujours été facile (...) Mais aujourd'hui le vivre-ensemble se passe correctement", a expliqué l'élu.
Pas un centre de départ
Le centre actuel, qui peut accueillir 250 personnes, deviendra le centre des requérants, sans procédures, en cours de réinstallation. Il n'y aura qu'environ 5% de personnes en attente de renvois. "Ce ne sera pas un centre de départ" et Vallorbe pourra ainsi jouer "un rôle humanitaire prépondérant" dans le premier accueil.
Il n'y aura pas d'agrandissement du centre, les 40 à 50 emplois seront maintenus même si certaines fonctions évolueront.
Une convention consécutive à "d'âpres négociations"
"Nous nous sommes battus pour obtenir une solution qui satisfera les autorités et la population de Vallorbe", a expliqué Philippe Leuba dans l'émission Forum. Aujourd'hui, nous avons une convention, les demandes formulées par la commune de Vallorbe ont été entièrement satisfaites et c'est le fruit des âpres négociations que nous avons conduites avec la Confédération."
Le chef du Département de l'économie, de l'innovation et du sport assure que le canton n'a pas négocié sa solution sur le dos d'autres cantons romands. "Vaud abrite depuis l'an 2000 le centre fédéral de Vallorbe", rappelle-t-il. "Pendant très, très, longtemps, il a été le seul canton romand à mettre à disposition de la Confédération un centre de requérants d'asile. Nous continuons à assumer une part très importante de la politique d'asile dans le canton. Aujourd'hui, nous avons une solution admise, raisonnable, jugée comme admissible par la Confédération."
Une solution plutôt qu'une concession
Le secrétaire d'Etat aux migrations Mario Gattiker, de son côté, a contesté que la Confédération ait fait "une concession" ou qu'il s'agisse "d'un compromis". C'est "une solution" et Vallorbe jouera un rôle-clé dans la politique de réinstallation des réfugiés admis en Suisse, à partir du 1er mars 2019 date d'entrée en vigueur de la loi sur l'asile révisée.
Les réfugiés en attente de renvoi seront répartis dans les autres centres. Pour la Suisse romande, le dispositif est achevé: Boudry (NE) est un centre avec procédures, alors que Chevrilles (FR) et le Grand-Saconnex (GE) sont des établissements sans procédures.
ats/ebz
Moudon, un jour peut-être
Depuis le 3 avril, Boudry et Chevrilles mènent une phase-pilote. Le but est de développer les collaborations pour la mise en oeuvre des procédures accélérées de traitement des cas.
La "région asile romande" comptera 1280 places d'hébergement. S'il n'était pas possible de prolonger l'installation sur sol neuchâtelois, la solution de la caserne de Moudon (VD) pourrait réémerger, a noté Philippe Leuba en soulignant que l'on parlait éventuellement de 2029.