Le traitement des héroïnomanes par le biais de prescription pharmaceutique de drogue est une approche qui remonte à plus de vingt ans. A l'époque, la Suisse entière avait été traumatisée par les images de la scène ouverte de la drogue à Zurich.
Depuis, toutes les grandes villes ont adopté le programme - sauf Lausanne, qui n'avait jusqu'ici jamais voulu devenir le deuxième centre romand, après Genève.
Admission très stricte au programme
Mais c'est désormais chose faite: le CHUV accueille depuis le mois de juin une quinzaine de patients qui répondent à des conditions strictes. Ils doivent notamment attester que les traitements thérapeutiques habituels - notamment la méthadone - n'ont pas stabilisé ou amélioré leur état de santé.
Ces patients se rendent dans un local sécurisé où ils reçoivent leur dose de diacétylmorphine et se l'injectent sur place, sous surveillance médicale. Le produit est fabriqué dans un laboratoire de l'Oberland bernois, sous haute surveillance. Cette héroïne fédérale sert aux 1400 personnes inscrites aujourd'hui dans le programme en Suisse.
Des effets très clairement positifs
Et les premiers résultats vaudois sont encourageants. "Cela a montré des effets très positifs sur les aspects de la consommation, du comportement social et sociétal", a souligné le médecin cantonal Karim Boubaker dans l'émission Forum.
"Cette addiction est une maladie", rappelle-t-il, mais "qu'on met rarement au niveau d'autres comme le diabète ou un cancer. Or ce sont des personnes qui souffrent. Dans ce contexte, on doit leur apporter les meilleurs traitements."
Coûts pris en charge par la LaMal
Les coûts de l'accompagnement médical et psycho-social s'élevaient l'an dernier à 45 francs par patient et par jour, pris en charge par l'assurance maladie de base.
Cette distribution d'héroïne a amélioré le confort et l'espérance de vie des toxicomanes, tout en faisant reculer le nombre d'overdoses et la criminalité liée à l'acquisition du produit.
Simon Corthay/oang