"Ces enfants ont été conduits à l'abîme par l'incurie du fonctionnement de l'autorité qui dispose pourtant de tous les moyens légaux d'agir" a relevé Claude Rouiller dans Le 12h30. Il ressort de son rapport que les mesures prises par le Service de protection de la jeunesse (SPJ) et la Justice de paix n'ont pas permis de détecter la gravité de la situation et d'agir en conséquence.
Le rapport relève encore que les services concernés ont privilégié de garder la famille unie, alors que les indices de maltraitance étaient bien visibles et que le bien-être de ces huit enfants aurait dû prévaloir. Ils ont subi un calvaire d'une douzaine d'années: abus sexuels, manque d'hygiène et de soins médicaux, carences affectives, troubles de socialisation et du langage.
"Des erreurs d'appréciation"
Claude Rouiller ne "pense pas qu'il y a eu un laisser-aller, il y a eu une lassitude probablement face à une situation très insolite".
L'ancien juge fédéral relève encore qu'il n'y a pas eu de volonté des services d'en arriver là. "Il y a eu des erreurs d'appréciation. Il y avait des mesures à prendre et là ce n'est pas seulement le SPJ qui a péché, mais aussi la justice qu'il faudra réorganiser pour que de tels cas ne se reproduisent plus."
L'Etat de Vaud a exprimé ses regrets pour les défaillances constatées. Il a décidé d'accepter les recommandations émises par Claude Rouiller et de lancer un plan d'action pour améliorer sa capacité de protection de l'enfance. Une commission d'éthique et de protection sera également créée pour soutenir le chef du SPJ.
Responsabilités individuelles
Des regrets réitérés par Cesla Amarelle dans Forum: "C'est vrai que les manquements qui ont été signalés nous interpellent fondamentalement en tant que Conseil d'Etat parce que nous nous trouvons face à l'une des raisons d'être d'un Etat démocratique, soit la protection adéquate des membres les plus fragiles et les plus faibles et c'est ce que dit notre Constitution."
La conseillère d'Etat vaudoise chargée de la Jeunesse a relevé que "ce rapport avait pour but d'expliquer le processus de manquement, il y a eu une dilution des responsabilités sur le terrain." S'agissant des responsabilités individuelles, son Département prendra les mesures qui s'imposent, mais elle n'en dit pas plus.
Tania Barril/lgr avec des propos recueillis par Yves Zahno