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Des entrepreneurs vaudois suspectent le canton de favoriser le groupe Orllati

Enquête sur l'entreprise Orllati
Enquête sur l'entreprise Orllati / Mise au point / 16 min. / le 14 octobre 2018
Plusieurs entrepreneurs vaudois soupçonnent les services de l’Etat de favoriser l'entreprise de construction Orllati, révèle Mise au Point dimanche. Le secrétaire de l'Association Vaudoise des Graviers et Déchets (AVGD) doute de la neutralité du canton sur certains dossiers.

"Les entreprises membres de l'AVGD se posent des questions. On pourrait avoir l’impression que le groupe Orllati est favorisé. Il y a des décisions de l’administration cantonale qui étonnent", révèle Jean-Luc Pirlot, secrétaire de l'AVGD, en choisissant prudemment ses mots.

Selon ce dernier, dans plusieurs dossiers, les services du canton de Vaud auraient prétérité la concurrence, avec comme conséquence d’avantager l’entreprise Orllati.

La conseillère d'Etat réfute

La conseillère d’Etat Jacqueline de Quattro, en charge du Département du territoire et de l'environnement, réfute ces accusations: "Il n’y a aucun favoritisme dans mon service. Je suis très vigilante sur ce point."

Le canton a un rôle d’arbitre dans le secteur: c’est lui qui autorise et contrôle le marché extrêmement concurrentiel des gravières et des décharges. Selon des informations de la RTS, un fonctionnaire en charge du domaine aurait tenu en public des propos laissant entendre des liens privilégiés avec le groupe Orllati.

La conseillère d’Etat explique: "Oui, j’ai dû sanctionner une personne. Cette personne sanctionnée est un collaborateur qui a dit publiquement être favorable à un projet. Ce n’est pas un discours que j’accepte. C’est moi qui décide quel dossier est le meilleur sur la base d’éléments concrets que mes services me font remonter."

François Ruchti

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Une success story qui intrigue

Dans un milieu extrêmement concurrentiel de la construction, le succès fulgurant du groupe Orllati intrigue: comment le groupe a-t-il pu se développer aussi vite? Parti de rien en 1995, Avni Orllati, jeune immigré kosovar, lance une petite entreprise de démolition avec son frère. En quelques années, il crée un empire dans la démolition, le ferraillage, les décharges, puis l’immobilier et même le médical.

La RTS a contacté une vingtaine de patrons vaudois et genevois et l’écrasante majorité s’interroge sur le financement de l’entreprise: d’où vient l’argent et comment fait le groupe Orllati pour dégager de tels bénéfices? Le patron Avni Orllati répond: "Ceux qui nous connaissent savent les sacrifices et le travail qui se trouvent derrière ce succès. Dans notre entreprise, il n’y a jamais eu d’autres actionnaires que la famille. De plus, il n’y a jamais eu de prêts, d’investissements de personnes suisses ou étrangères, hormis nos partenaires bancaires."

En guerre avec Bernard Nicod

L’année dernière, le groupe Orllati a fait la Une des journaux pour un litige avec l’entrepreneur Bernard Nicod. Accusé à tort de pollution - une enquête de la justice vaudoise a blanchi l’entreprise - Orllati est en conflit avec le géant de l’immobilier vaudois, son partenaire en affaire pendant des années. Dénonciations anonymes, plaintes pour diffamation, utilisation de détectives privés et articles complaisants, tous les coups étaient permis.

Le combat entre les deux entreprises se cristallise sur un projet de plusieurs centaines de millions de francs: la tour du quartier des Cèdres à Chavannes-près-Renens, actuellement en stand-by. Avni Orllati reste confiant: "Le projet de la Tour n’est pas abandonné, bien au contraire. Nous allons déposer la mise à l’enquête au printemps, avec ou sans Bernard Nicod, mais j’espère avec."