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Treize ans après, l'affaire Légeret continue à faire douter les Vaudois

Affaire Légeret: après deux procès, des témoins estiment que la lumière n'a pas pu être faite.
Affaire Légeret: après deux procès, des témoins estiment que la lumière n'a pas pu être faite. / 19h30 / 3 min. / le 29 octobre 2018
L'affaire Légeret, du nom de l'homme reconnu coupable d'un triple meurtre en 2005 à Vevey, continue de faire des vagues dans le canton de Vaud. Un nouveau témoignage, écarté par le Parquet, ravive les doutes sur la culpabilité du condamné.

Emprisonné à vie depuis 2006 pour le triple meurtre de sa sœur, de sa mère et d’une amie de celle-ci à Vevey, François Légeret ne cesse de clamer son innocence. Malgré deux procès et des demandes de révision systématiquement rejetées par le Tribunal fédéral, des doutes sur sa culpabilité planent toujours dans le canton de Vaud.

Au cœur de l’affaire: l’heure du crime fixée par la justice. Selon le scénario retenu par les juges, François Légeret aurait agi vers midi le 24 décembre 2005. Le témoignage d'une boulangère, qui affirmait avoir servi les deux des victimes après la date de leur mort, avait été écarté.

Nouveau témoin

Or, tout comme la boulangère, un nouveau témoin, Gisèle Egli, martèle avoir vu Ruth Légeret en vie au centre de Vevey peu après 17h, ce même 24 décembre 2005.

Rongée par la culpabilité de ne pas avoir parlé plus tôt, elle a écrit au Procureur général ce printemps, espérant être entendue. Sans effet. "J’ai bien reçu une lettre signée par Mme Egli", a confirmé à la RTS le procureur général Eric Cottier. "Ce n’est pas elle qui me l’a adressée. Je ne lui ai donc pas répondu. Selon mon appréciation en fait et en droit, je ne considère pas que ce document doive amener le Ministère public à déposer une demande de révision."

La santé de sa mère ayant fortement décliné ces dernières semaines, sa fille Anne-Dominique Egli reprend le flambeau. "On est quand même un peu choqué de cette situation… Que ma maman n’ait pas été entendue, je ne trouve pas ça correct", a-t-elle confié à la RTS.

Le soutien s'élargit

A la suite du rejet début octobre par le Tribunal Fédéral d’une précédente demande de révision, François Légeret pourrait porter ce témoignage devant la chambre de révision.

En parallèle, les rangs de ses soutiens continuent à s’élargir. Parmi eux, l’ancienne députée socialiste vaudoise Mireille Aubert, ex-présidente de la commission des visiteurs de prison. "Je me reproche de ne pas m’en être occupée plus tôt, de ne pas avoir été attentive à cette histoire", soupire-elle, décidée à tout faire désormais pour que François Légeret puisse sortir de prison blanchi. 

Carole Pantet/kkub

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Rappel des faits

En janvier 2006, les corps de deux octogénaires sont retrouvés dans une villa veveysane. La fille de la maîtresse de maison, Marie-Josée, a quant à elle disparu.

Rapidement les soupçons se portent sur le fils adoptif, François Légeret. Son mobile: l’argent omniprésent dans la famille. En 2008, il est condamné à la prison à perpétuité. Le verdict est confirmé deux ans plus tard dans un procès en révision.

Une boulangère assure avoir vu les deux femmes en vie après l’heure du crime retenue par la justice, mais son témoignage est écarté par le tribunal en 2010. Depuis, François Légeret ne cesse de clamer son innocence et multiplie les demandes de révision, toutes rejetées par le Tribunal fédéral.