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Quand l'affaire Bettencourt vire au "Genevagate"

France: l'affaire Bettencourt éclabousse le ministre du travail Eric Woerth
La presse révèle les visites régulières à Genève du couple Woerth, mais pas pour admirer le jet d'eau...
Chaque jour, l'affaire Bettencourt ressemble un peu plus un "Genevagate", selon la Tribune de Genève et 24 heures, qui révèlent les fréquentations genevoises de l'ex-ministre français du Budget, Eric Woerth, et de son épouse. La presse alémanique publie des portraits de personnes fichées par les services secrets suisses, tandis que La Liberté se penche, elle, sur un procès qui s'ouvre en Argentine sur fond de Mondial de football. Enfin, le Blick révèle la colère de Moritz Leuenberger contre Micheline Calmy-Rey et celle de l'arbitre Massimo Busacca.

Les fréquentations genevoises du couple Woerth

«Genevagate» : le mot est lâché pour le plus grand plaisir de gérants de fortune de la place. Au fur et à mesure des révélations entourant la fortune de Liliane Bettencourt, l'héritière de la maison l'Oréal, un véritable montage financier d'évasion fiscale apparaît, embarrassant de plus en plus le ministre français Eric Woerth, selon la Tribune de Genève et 24 heures. Les gérants de fortune se font un malin plaisir d'épingler celui qui était il y a quelques mois ministre du budget et qui n'hésitait pas à brandir la liste des 3000 noms de Français possédant un compte à la HSBC de Genève. Alors que dans la même période, Florence, épouse du ministre Woerth et l'un des gérants de fortune de Liliane Bettencourt, était très en vue du côté de Genève, mais pas pour y admirer le jet d'eau, lâche un financier. En tant que trésorier de l'UMP, le parti de la majorité, Eric Woerth connaît lui aussi la route qui conduit à Genève chez un de ses amis, Pierre Condamin Gerbier, gérant de fortune et responsable UMP à Genève. C'est lui qui était chargé d'organiser un dîner à Genève afin de récolter des fonds pour la campagne électorale de Nicolas Sarkozy. La récolte avait rapporté 7 millions d'euros. Et là, commente un banquier, Eric Woerth ne cherchait pas à savoir si le chèque qu'on lui remettait était prélevé sur des comptes suisses non déclarés au fisc francais… "Un jour, la Suisse est balancée sur le banc d'infamie. Un autre elle est courtisée pour le financement des campagnes électorales. A l'évidence, affirme Jean-Noel Cuenod dans un éditorial, il faudra plus que le remaniement ministériel annoncé pour restaurer la crédibilité de la présidence française bien en mal."

Les fichés dans la presse alémanique

Le Bund et le Tages-Anzeiger nous montrent les visages de deux hommes et une femme. Ils ont en commun d'avoir été fichés par les services secrets suisses. Mais ils n'ont pas la tête de grands criminels ni même le pedigree. Balthasar Glättli, élu Vert au parlement de la ville de Zurich, a été identifié dans une manifestation autorisée par la ville. Tanja Soland, députée socialiste bâloise, a commis le même crime. Troisième larron, Dinu Gautier. A 26 ans, il est journaliste à l'hebdomadaire de gauche Wochenzeitung et sa fiche à lui c'est du sérieux: occupation du bâtiment du Seco lors d'une manif anti-globalisation, il a passé un checkpoint lors du Forum économique de Davos en 2004. Il a aussi symboliquement demandé l'asile à la Suède pour protester contre les affiches des moutons noirs et, enfin, ce qui est peut-être son crime le plus grave, il a tenté d'entarter Hans-Rudolf Merz. Mais les services secrets suisses ont trouvé un avocat en la personne de Peter Regli. Dans la Berner Zeitung, le moustachu, ancien chef des services de renseignement, ne comprend pas qu'on puisse parler de scandale dans cette nouvelle affaire. "Pour lui, les politiciens exagèrent et utilisent cette affaire pour se profiler". Et que pense-t-il des citoyens fichés sans raison ? "Ce sont des erreurs. Il n'y a que ceux qui ne travaillent pas qui n'en commettent pas".

Justice et foot en Argentine

La Liberté rappelle de son côté, en plein Mondial, que s'ouvre le procès de l'ancien dictateur argentin Jorge Raphael Videla, accusé de torture et du meurtre de 32 opposants en 1976. C'est le même militaire qui, il y a 32 ans, remettait la Coupe du monde à l'Argentine. Au même moment, non loin du stade de Buenos Aires en liesse, les tortures et les exécutions se poursuivaient dans les sous-sols de l'Ecole supérieure de mécanique de la Marine. Mais ce vendredi est une journée de football. Le journal satirique Vigousse vous initie aux subtilités du penalty. Il offre avant sa pause estivale un numéro spécial composé de ces délicieuses petites affaires cantonales agrémentées d'un hors-série avec le retour du roman-photo, d'un horoscope maison et d'un jeu-test psycho. Un vrai comme dans les magazines. Une thématique originale puisqu'il s'agit de déterminer à quel genre de cons nous appartenons.

La grosse colère de Moritz Leuenberger…

Moritz Leuenberger a vu rouge mercredi dernier à la fin de la séance du Conseil fédéral, rapporte le Blick, visiblement bien renseigné. Et la personne qui a réussi à mettre le très placide Leuenberger en colère n'est autre que Micheline Calmy-Rey. Leuenberger a exigé des informations sur l'affaire libyenne. Une attaque inattendue, écrit le journal zurichois. Les collègues de partis évitent en général de se déchirer au sein du gouvernement.

…et de Massimo Busacca

Il a aussi vu rouge, Massimo Busacca, lorsqu'il a expulsé le gardien sud-africain il y a deux semaines. Non retenu pour la suite de la compétition, il se répand dans les colonnes du Blick. "Je suis très déçu, je ne m'y attendais pas, on ne m'a donné aucune explication mais je suis fier de ma prestation. Je n'ai commis aucune faute." Dur, dur d'être un arbitre par les temps qui courent.

cht, avec Jean-François Moulin et Stéphane Deleury

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