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Blocher à l'assaut de la presse libérale bâloise

Le tribun zurichois occupe déjà le terrain dans la perspective des élections fédérales de 2011.
Le tribun zurichois s'installe sur les bords du Rhin pour "redresser" la Basler Zeitung.
La presse alémanique est en émoi ce matin. L'arrivée de Christoph Blocher à la tête de la Basler Zeitung fait des vagues dans la cité rhénane. En France, le remaniement gouvernemental renforce la position de François Fillon au détriment du président qui l'a reconduit dans ses fonctions. De domination, il en est aussi question pour Swisscom. L'opérateur historique ne cesse de renforcer ses activités grâce au large soutien de la classe politique.

Blocher cornaque la Basler Zeitung

Les Bâlois sont-ils en train de perdre leur quotidien historique? Le destin de la Basler Zeitung est commenté par toutes les gazettes alémaniques, ce matin. Une interrogation qui fait suite à la petite bombe lâchée hier dans la presse dominicale, révélant que le groupe de presse Basler Zeitung Media s'était offert les services de Christoph Blocher. L'ancien conseiller fédéral doit guider la stratégie économique du groupe, pour lui faire retrouver la rentabilité. A Bâle, ville rose-verte et réputée pour son esprit libéral, ça fait jaser, souligne la NZZ. Après la reprise du titre en février dernier par un proche du tribun zurichois, Tito Tettamanti, et après la nomination à la rédaction en chef - fin août - du numéro 2 de la Weltwoche, l'hebdomadaire porte-voix de l'UDC, l'arrivée de Christoph Blocher est vécue comme une véritable dépossession. La direction de la Basler Zeitung tente d’éteindre l'incendie ce matin en expliquant que le Zurichois n'aura aucune prise sur la ligne éditoriale du journal. Le lectorat va-t-il fuir? Le Tages Anzeiger souligne que le nombre des abonnés, depuis l'arrivée du nouveau rédacteur en chef, n'est plus communiqué. Bref, aujourd'hui, tant l'avenir que l'identité de la Basler Zeitung sont plus que jamais en question.

La revanche du "collaborateur"

Signe des temps, La Liberté publie la photo d'un François Fillon détendu, sans cernes, l'oeil presque pétillant. Un Premier ministre français sortant grand vainqueur du remaniement, résument 24h et la Tribune de Genève. Et le perdant n'est autre que le président de la République, contraint d'accepter les conditions de son Premier ministre. Enfant de Neuilly, cette banlieue privilégiée de Paris, Nicolas Sarkozy est en train de payer sa méconnaissance de la France profonde. Sans précautions, il a voulu bousculer ce vieux peuple rebelle et conservateur, écrit le correspondant des journaux lémaniques à Paris. Evincées la turbulente Rama Yade et l'invisible Fadela Amara. Bernard Kouchner est, quant à lui, réduit à "l'état d'ectoplasme". Enfin, l'éternel retour d'Alain Juppé, preuve que la vieille garde chiraquienne est l'objet de toutes les attentions... Comment un ancien Premier ministre peut-il accepter un simple portefeuille? La République, bonne fille, connaît ses codes: Alain Juppé n'aura pas à recevoir d'ordres de son successeur. Ministre d'Etat de la défense, il aura pour interlocuteur direct, non pas François Fillon, mais le président de la République qui est aussi le Chef suprême des armées. Derrière ce jeu de chaises musicales, décrites par Le Matin, la nouvelle équipe constitue, selon Le Temps, un véritable gouvernement de combat qui a la présidentielle de 2012 en ligne de mire.

Domination sans partage

La suprématie de Swisscom n’est pas prête de céder. L'opérateur historique de téléphonie ne cesse de renforcer sa position dominante grâce à un habile et efficace lobbying, relève Le Temps. Concernant la télévision sur internet, Swisscom mène une redoutable politique de discounter. Et sur l'accès internet, les concurrents n'ont pas les moyens de régater. Le développement de la fibre optique voit aussi Swisscom mener la danse avec la complicité des municipalités qui subventionnent allégrement les investissements décidés par l'opérateur. Ce dernier ne risque pas de subir une révision prochaine de la loi sur les télécoms, car il semble que des deux côtés de l'échiquier politique, chacun trouve son compte dans le statu quo, affirme Francis Cobbi, co-directeur de l'opérateur VTX, dans les colonnes du quotidien. Swisscom, un opérateur toujours à la conquête de nouveaux marchés.

Les séquelles d'un séisme

La "maladie des pauvres" avait déjà tué 92 personnes, dimanche en Haïti. Face à l'épidémie de choléra qui progresse, la réponse internationale se fait attendre. L’ONG Médecins sans Frontières (MSF) est bien seule à lutter contre le fléau. A l'hôpital général de Port-au-Pince, la nouvelle section réservée aux malades atteints du choléra est un camp retranché auquel on n'accède pas sans raison, raconte Arnaud Robert dans Le Temps. MSF a aussi crée en ville une dizaine de centres de traitements. La capitale haïtienne est une bombe épidémique à retardement, constate Reynieu de Montlaux, chef de mission de Médecins sans Frontières. Dans les départements du centre et du nord, l'épidémie s'étend de manière exponentielle. Malgré les gigantesques promesses de dons dans la foulée du séisme, la réponse internationale est inexistante. Sur place, le constat du chef de service des maladies infectieuses de l'hôpital est implacable: "Nous avons connu deux catastrophes. Un séisme le 12 janvier et l'arrivée massive des ONG le 13. Ces ONG ne se coordonnent absolument pas. Le choléra est pourtant une maladie dont on peut facilement se prémunir. On évoque 200'000 cas probables d'ici deux mois. Dans la tente qui sert de quartier général au gouvernement haïtien, le président Préval multiplie les recommandations à la population via la télévision". Après le séisme, l'ouragan, il ne nous manque plus que les sauterelles, confie ironiquement au Temps le Premier ministre Jean-Max Bellerive. Des manifestations commencent à apparaître dans le pays pour dénoncer la force d'intervention de l'ONU, dont les casques bleus asiatiques auraient importé la maladie. Haïti, un pays qui s'apprête à élire un nouveau président le 28 novembre. Sur les murs de la capitale, les slogans des candidats annoncent des lendemains radieux. Le journaliste du Temps n'a pas de peine à affirmer que la gabegie dans laquelle Haïti est plongé leur donne déjà tort.

Les dessous de la mode

Quand on paie un pantalon 59,90 francs chez Charles Vögele, sait-on que la couturière qui l'a confectionné au Cambodge ne gagne que 61 dollars par mois. Selon les ONG Clean Clothes et la Déclaration de Berne, seules quatre des septante-sept marques textiles vendues en Suisse garantissent le principe fondamental de salaires de subsistance. Les bons élèves sont tous Suisses, notent La Liberté et Le Courrier. Révélateur du tabou régnant dans le secteur, vingt-six marques n'ont pas rempli le questionnaire qui leur était soumis. Plusieurs marques n'ont apparemment pas apprécié les questions posées, rapporte la porte-parole de la Déclaration de Berne. Par le biais de son avocat, la marque Otto's a même menacé les ONG de poursuites judiciaires en cas de publication des résultats. Une chose est sûre: il est très difficile d'entrer en contact avec les grandes marques textiles suisses, insiste la coordinatrice d'une action fédérant les intérêts des travailleurs de la branche textile en Asie.

os avec Christian Favre et Jean-François Moulin (RSR)

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